Toute mondiale qu'elle soit, la commémoration du Débarquement n'implique pas que des enjeux mondiaux. Au niveau régional, l'événement est aussi d'importance. Pour la Région Basse-Normandie où sont situées les fameuses plages, qui bénéficiera d'une publicité sans précédent. «La mobilisation est bien plus importante qu'en 2004», décrit Laurent Beauvais, le président PS du conseil régional.
Grande première, la région a développé essentiellement en interne un attirail de communication autour de ces commémorations, comme la création d'un label «70e anniversaire» (agence Aprime), apposé sur tous les événements qui auront lieu cet été. A l'heure des discussions pour la réunification des deux Normandie - notamment le choix entre Rouen et Caen pour capitale – le rendez-vous est à ne pas manquer. Même si «rien ne doit faire obstacle à la fusion», selon Laurent Beauvais, fervent partisan de la réunification.
Mais l'enjeu central reste évidemment le tourisme. «Il fait vivre 20 000 emplois sur la région», précise le président. La Basse-Normandie ambitionne de devenir la première destination touristique pour le tourisme mémoriel de la Seconde Guerre mondiale.
«En Normandie, 5 millions de touristes passent chaque année, avance-t-on au secrétariat d'Etat aux Anciens Combattants. Cette année, la région en attend 8 millions». Avec 500 euros de dépenses en moyenne par touriste, cela représente un marché de 1,5 milliard d'euros supplémentaires.
A plus long terme, la région entend faire classer les plages du débarquement au patrimoine mondial de l'Unesco. «Un moyen de protéger ces plages, mais aussi de débloquer des fonds pour sauvegarder les vestiges sous-marins de la guerre», explique Laurent Beauvais. Sous la mer, plus de 400 épaves gisent depuis 70 ans...
Peut-on espérer meilleure aubaine que ces commémorations pour faire valoir ce projet et rayonner à l'international ? A moindre échelle, la ville de Ouistreham, qui accueille la cérémonie principale, joue aussi un sacré va-tout. «Les recettes liées au tourisme devraient atteindre cinq millions d'euros en 2014, contre près de deux millions habituellement», précise Romain Bail, le maire UMP.
Mais à la tête d'une ville au budget déficitaire, fraîchement élu aux dernières municipales, il vise le long terme. «Sur les 900 000 Britanniques qui viennent chaque année en Normandie, moins de 5% restent», regrette-t-il.
Le maire envisage de lancer une campagne de marketing territorial, de faire de sa ville une vraie marque et multiplie les projets. «Nous voulons créer des liens étroits avec les Britanniques, argumente-t-il. Un mémorial leur sera consacré pour le 75e anniversaire, le Prince Charles en sera le parrain.Nous voulons aussi favoriser l'implantation d'entreprises anglaises en Normandie.»