Les yeux plongés dans la Méditerranée, le regard obstinément fixé vers la victoire. Sur la façade de la place Paul Ricard, surplombant la mer, le visage grave de Zizou, enfant du pays, a longtemps veillé sur les habitants de la cité phocéenne. Et s’il a été démonté en 2007, le portrait géant, installé en 1998 par Adidas, est devenu indissociable de l’imaginaire marseillais.
La fresque géante de Kylian Mbappé à Bondy, dévoilée le 6 septembre dernier, imprimera-t-elle la même empreinte ? Le joueur a d’ores et déjà défrayé le chronique cet été. Doit-on vraiment le rappeler ? Mbappé peut se prévaloir du titre de deuxième plus gros transfert de l’histoire du ballon rond hexagonal, directement après Neymar : le PSG s’est offert l’attaquant pour 180 millions d’euros.
Sur le terrain
Né en 1998, alors même que Zizou et l’équipe de France remportaient la Coupe du Monde, le joueur de 18 ans n’a apparemment pas oublié d’où il venait. « Lorsque Nike a signé avec Mbappé, son premier vœu a été que l’on réhabilite le terrain sur lequel il a appris à jouer, enfant », raconte Tom Brunet, directeur général et cofondateur de l’agence Yard, qui inaugurait le 6 septembre ce nouveau stade - qui jouxte l’école primaire Louis Pasteur, dont le joueur a été l’élève. « Nike a pris en main la réhabilitation du terrain, afin de le rendre praticable pour les jeunes de la ville, en bonne intelligence avec la mairie de Bondy », précise Yoan Prat, directeur général et cofondateur de l’agence Yard. L’affaire n’est pas aisée : depuis longtemps livré à l’abandon, le stade, envahi par les herbes folles, a tout du terrain vague. « La dalle de béton était fissurée, on y trouvait un vieux but de handball et des paniers de basket rouillés, et on ne pouvait y accéder qu’en escaladant un mur », décrit Tom Brunet.
Yard fait appel à un cabinet d’architectes, Laisné Roussel, pour faire sortir le nouveau « city stadium » de terre. Avec des délais ultracourts : un mois et pas un jour de plus. Sportif.
« Nous avons installé une toile tendue de deux mètres sur six pour créer une ambiance d’arène de football », explique Tom Brunet. La toile « camouflage » n’entend pas évoquer la loi de la jungle footballistique, mais « rappeler les couleurs de la ville, autrefois environnée d’une des plus grandes forêts de France, et dont l’emblème - tout comme celui de l’AS Bondy - se décline dans un camaïeu de vert ».
L’événement du 6 septembre se place dans la continuité d’une stratégie depuis longtemps initiée par Nike : « Communiquer sur le street football, dont énormément de jeunes joueurs sont issus, habitués qu’ils ont été à jouer sur l’asphalte et pas sur le gazon. Un documentaire produit par Yard, Ballon sur Bitume, sortira bientôt sur Netflix », annonce Yoann Prat.
L’inauguration, à laquelle ont assisté 1300 personnes, a été le lieu de la finale du « Play Bondy Football Festival » qui voyait s’affronter des jeunes et des adolescents. Parmi lesquels le petit frère de Mbappé, un minot de 11 ans. Le début d’une dynastie ? Mbappé est bien surnommé le petit prince de Bondy…