D'Emmanuel Macron aux réseaux sociaux, en passant par l'Insep, les esprits éventés n’en finissent plus, farauds comme jamais, de claironner à quel point ils sont «fiers»;

L’inflation, ce n’est pas seulement dans les rayons des supermarchés. Alors que les prix crament, le langage, lui aussi, connaît des flambées. Il en est ainsi de la locution « Rendre fier », mise sur le devant de la scène par Emmanuel Macron en décembre dernier avec l’impérissable « Gérard Depardieu rend fière la France ». En janvier, dans les vœux olympiques du président à l’Insep, c’était au tour du « sport » de « nous rendre fiers ». Depuis, cette sorte de « pride » langagière ne connaît plus de limites : « Qu’est-ce qui rend fiers les Rennais ? », s’interrogeait récemment Le Mensuel de Rennes. Sur les réseaux sociaux, les esprits éventés n’en finissent plus, farauds comme jamais, de claironner à quel point ils sont « fiers », qui, d’un beau travail inspirant avec sa « team », qui, d’avoir fait le kéké pendant un marathon ou autre sinistre « trail ». Plus funestement, Marion Maréchal n’a désormais à la bouche que la « France fière »… Alerte démonétisation ! À son tour, comme avant elle le rincé « talent » ou l’essorée « bienveillance », la « fierté » se vide de son sens - un sens, d’ailleurs, des plus ambigus. Est certes « fier », selon l’ami Larousse, celui qui éprouve une « satisfaction légitime » mais aussi celui « qui se croit supérieur aux autres »… Le sirop grumeleux pourrait donc bien cacher, une fois encore, un orgueil proche de l’hybris, une violence à peine rentrée. Voilà qui donne envie, alors que les bullshiteurs n’en finissent plus de saigner les mots, d’en revigorer certains, juste pour eux : « faquins », « gommeux », « frelateurs »… Se dire « fier », ça va finir par coller la honte.

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