Si l’intelligence artificielle générative peut aider les entreprises dans l’élaboration de leur politique RSE, son impact environnemental continue de faire débat.

L’intelligence artificielle peut-elle être un atout pour la RSE ? Sans aucun doute, assure Nans Chabaud, membre du cabinet Suricats Consulting et copilote du groupe de travail Environnement du Hub France IA : « Les IA génératives peuvent prérédiger du contenu mais aussi analyser la masse de données de l’entreprise. » Des capacités qui pourront être un avantage pour les agences. Selon Xavier Gay, directeur général de Limite, spécialisée dans la RSE, « une agence a son cœur de valeur ajoutée dans le conseil, et l’IA peut être extrêmement puissante pour nourrir cette dimension avec de l’analyse ou de la consolidation de données. » Le champ d’analyse peut aussi englober les fournisseurs et leurs engagements Science based target initiative (SBTI).

Suricats Consulting mène une expérimentation afin de déterminer quel LLM – large language model – serait le plus efficace. Estimant que l’autoformation est possible, Nans Chabaud conseille aux responsables RSE de s’immerger dans les écosystèmes comme le Hub France IA pour monter en compétences : « Cela permet d’identifier les cas d’usage les plus récurrents et les pratiques les plus efficaces afin de mieux interroger les IA génératives. » Avant d’aller plus avant, une agence RSE doit établir un diagnostic large, alerte Mehdi Triki, responsable des affaires publiques du Hub France IA : « Elle doit évaluer les impacts sur les collaborateurs, les clients et l’environnement. »

Mais l’impact environnemental de l’IA pose encore question. Selon Xavier Gay, « même si les fermes de serveurs sont de plus en plus souvent alimentées par de l’énergie solaire, il faut rappeler que l’impact sur la ressource en eau est considérable pour refroidir les data centers. Il faut des volumes d’eau énormes, qui deviennent impropres à la consommation et sont rejetés à des températures beaucoup trop élevées dans les écosystèmes. » Une objection discutable, selon Nans Chabaud : « Dans le cadre de la stratégie bas carbone du numérique, le groupe de travail numéro 4 travaille justement sur la façon dont le numérique peut réduire l’impact environnemental des autres secteurs. Aujourd’hui, il représente en moyenne 4 % de l’impact climatique (2,84 % en France) mais il peut aider à réduire l’impact des 96 % restants. »

Dans les entreprises, la fonction RSE risque toutefois de devoir ronger son frein. « Quand une société développe un programme d’IA, le but habituel est de générer plus de business et plus d’efficacité », constate Nans Chabaud. Pour changer la donne, il conseille aux responsables RSE de défendre le concept de « ROI au carré », soit le retour sur investissement classique auquel est ajouté l’impact environnemental. À l’heure où le consommateur se soucie toujours plus de la responsabilité des entreprises, l’argument peut porter.