Grève à Hollywood, boom de l'IA, enjeux climatiques... La présidente de Publicis Groupe en France revient sur les grandes actualités de l'année 2023.

De mai à septembre, les scénaristes d’Hollywood se sont mis en grève, rejoints par les acteurs, pour demander une meilleure rémunération et l’encadrement de l’IA.

Cette grève est l’expression d’une inquiétude sur la valeur de la créativité et oui, il faut la défendre. Je fais partie des optimistes qui pensent que l’IA peut permettre justement de distinguer et valoriser les grandes idées du reste et donc de mieux les rémunérer. Mais on n’a pas fini d’en débattre et c’est au cœur des enjeux de l’AACC et de tous ceux qui représentent les industries culturelles et créatives.

L’intelligence artificielle, justement, était omniprésente aux Cannes Lions en juin puis au Stratégies Festival en septembre et s’impose à toute vitesse dans nos métiers.

Omniprésente dans nos discussions, oui. Omniprésente en tant qu’outil de travail qui s’impose dans nos métiers au quotidien, bien sûr. Omniprésente en termes de création avec un grand C, pas vraiment encore… Mais ça viendra, notamment parce qu’on attend beaucoup de progrès et rapidement en termes d’exécution. Maintenant, n’oublions pas que ce qui fait la créativité dans nos métiers, c’est aussi notre compréhension du monde et notre sensibilité face aux questions qu’on nous pose. Notre métier, c’est aussi d’analyser, de comprendre, de donner du sens, d’être juste et dans la bonne tonalité. Cela demande beaucoup de raison et pas mal d’émotion. Mais l’histoire ne fait que commencer…

Selon l'observatoire européen Copernicus, les mois de juin à octobre ont été les plus chauds jamais enregistrés dans le monde, et en 2023 on a connu aussi des incendies à répétition à Hawaï, en Grèce, au Canada…

C’est tristement l’année de tous les records en la matière. Mais c’est aussi celle où les gens nous disent être fatigués par ces sujets et où l’inflation pousse vers du consommer moins cher plutôt que du consommer mieux… Tout cela nous donne une sacrée responsabilité en tant que secteur. C’est le moment d’écrire de nouveaux imaginaires, de nouveaux récits, grâce à la créativité qu’on nous reconnait d’ailleurs sur le sujet en France. J’étais fière de ce que nous avons fait par exemple avec la Fondation Solar Impulse de Bertrand Piccard dont le livre Prêt à Voter a sensibilisé les parlementaires et convaincu le jury à Cannes. Et, dans un registre plus grand public, j’aime ce que fait France TV avec son journal Météo Climat où chaque soir un expert du climat répond à une question et prend le temps de décrypter les phénomènes climatiques. Les agences, les médias, les annonceurs, nous sommes nombreux à avoir pris des engagements dans des Contrats Climat, il faut les respecter. Ou s’y mettre d’urgence pour les retardataires.

La Cop28 de Dubaï qui acte une « transition hors des énergies fossiles » dans un accord a minima.

C’est un engagement satisfaisant, il s’agit de le tenir. Sachant que ce « début de la fin » de l’ère des combustibles fossiles est déjà engagé au sein de certaines entreprises et notamment chez des énergéticiens eux-mêmes. En tous cas, la dimension symbolique et mondiale de l’accord est essentielle et si la COP est souvent critiquée, notamment dans son organisation, les débats et les contenus qui ont accompagné la signature aident la prise de conscience à grande échelle. Et ça c’est essentiel au moins une fois chaque année…

Fin novembre, la polémique autour de la publicité de l'Ademe (« Les Dévendeurs »), symptomatique du coup de frein sur la RSE.

La polémique a surtout créé un énorme coup de projecteur et bravo à l’Ademe et à Havas Paris pour cette campagne ! D’ailleurs, il n'y a pas de mauvais débat lorsque l'on parle écologie. Avec des idées, des concepts, des slogans, nos agences accompagnent depuis des décennies les changements de comportement et plus nous sommes sur ces questions, plus nous avons le devoir d’être créatif pour toucher les gens. Consommer mieux est un impératif et c’est important que des institutions, comme des annonceurs privés d’ailleurs, le disent. L’année dernière, Darty et Publicis Conseil ont inventé « Les Avis Longue Durée ». On adore tous les avis en ligne, on les regarde avant d’acheter, mais les consommateurs écrivent surtout leur avis juste après avoir reçu le produit. Là, il s’agit d’avoir des avis des années après, pour orienter les choix des clients vers des produits qui durent !

L’attaque terroriste du Hamas du 7 octobre et depuis lors le conflit qui s’éternise entre Israël et le Hamas.

C’est une telle atrocité. Les conséquences seront profondes et durables, c’est l’actualité la plus violente et la plus dure à commenter… Nous avons tous ressenti la difficulté de trouver les mots justes. Et en même temps, il était impensable de ne rien dire ! Le groupe Publicis s’est exprimé et est engagé aux côtés des équipes dans la région et auprès de ceux qui ont des proches au cœur du conflit et qui ont besoin de notre soutien.

Le premier gros gain de budget d’Accenture Song en France, avec le budget Peugeot monde, annoncé en septembre.

Bravo à eux, parce que gagner c’est toujours formidable. On attend leurs premières campagnes. Ce qui est encore plus important à mes yeux, c’est de renouveler la confiance. À peu près au même moment, nous les avons battus en finale sur l’appel d’offres publicitaire pour Orange. Nous étions fous de joie ! Toutes les agences le savent, le plus difficile dans ce métier, c’est de durer.

Une année marquée par l’initiative d’Arthur Sadoun « Working With Cancer » et par ailleurs au cours de laquelle Publicis a surperformé par rapport à ses concurrents mondiaux.

C’était très intense, mais ça prouve que ce n’est pas incompatible ! 2023 est une année de records en termes de performance au niveau mondial pour Publicis, mais aussi en termes d’engagement. J’admire la vision et la détermination d’Arthur. Briser le tabou de la maladie dans nos sociétés, c’est une bataille qui prend du temps. Et ce temps, il a décidé qu’on devait se l’accorder. L’initiative Working With Cancer a démarré il y a un an à Davos, elle rassemble aujourd’hui plus de 1300 entreprises et notre engagement est continu avec l’interne, nos clients et les associations. On agit avec nos compétences à nous, notre influence, nos idées et nos créations. À l’image de ce que nous avons fait pour l’Institut Gustave-Roussy avec la dernière campagne que nous venons de lancer où le père Noël a un cancer. Nous voulons dire que cette maladie concerne tout le monde, mais qu’il y a aussi beaucoup d’espoir grâce à la recherche.

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