L'association de promotion du design français, Designers Interactifs, publie son enquête annuelle sur les évolutions des métiers du design interactif en France, en partenariat avec l'agence de recrutement Aquent. «Le design interactif intervient dans de nombreux domaines d’activité : le logiciel, l'e-commerce, la banque-assurance ou encore les services aux entreprises», explique l'enquête.
Salariés vs freelances
Depuis 2008, la profession se rapproche de la parité en passant d'un taux de féminisation de 27% il y a dix ans à 42% en 2019. La profession est concentrée dans la capitale (69%), diplômée du supérieur (51% disposent d’un bac +5) et travaille de moins en moins en agence (36% contre 50% l’an dernier). En effet, les professionnels de l'UX et l'UI ont désormais la possibilité de mener carrière chez l’annonceur : l’agence ne se présente plus comme un passage obligé. Une partie des compétences du design a été internalisée, notamment dans la banque, la finance ou les assurances. D'ailleurs, 29% des designers travaillent dans un grand groupe, 14% dans une start-up et 11% dans une PME. Les designers salariés sont majoritairement satisfaits de leur situation à 69%.
Autre fait notoire : 69% des professionnels sont salariés, contre seulement 17% de freelances, une exception à la tendance du marché de l'emploi. Une explication à ce phénomène : les designers cumulent souvent plusieurs modes d’exercice. Concernant les freelances, ils sont plus de la moitié (57%) à avoir installé leur activité dans la durée (plus de cinq ans). Leurs clients sont surtout des PME-PMI (36%) et des grandes entreprises (27%). 66% des freelances se disent satisfaits de leur situation professionnelle, c'est nettement moins qu'en 2017 où ils étaient 71%.
Rémunérations en hausse
Pour ce qui est des salaires, ceux-ci sont globalement en augmentation, mais la rémunération reste très contextuelle en fonction du secteur d’activité, du type de structure et de la situation géographique. Ainsi, 22% des designers salariés touchent annuellement entre 25 et 30 000 euros brut ; 33% entre 30 à 35 000 euros brut ; 28% entre 35 et 40 000 euros brut. À noter que 6% gagnent moins de 25 000 euros brut tandis que, en haut de l'échelle des salaires, 8% ont un salaire compris entre 40 et 45 000 euros brut.
Du côté des freelances, leur chiffre d’affaires progresse depuis 2016 : la tranche de plus de 70 000 euros passe de 15 à 24%, la tranche de 60 000 à 70 000 euros de 10 à 13%, et la tranche de 50 000 à 60 000 euros de 10 à 18%, tandis que sur la même période, les tranches inférieures régressent. En 2018, 37% des freelances ont augmenté leur tarif.
Globalement, les prix à la journée ont peu progressé ces dernières années (51% facturent entre 300 et 500 euros HT). Ce mode d’exercice commence à être désintermédié par des plateformes qui mettent les professionnels de plus en plus en compétition sur les prix.
Un marché de plus en plus saturé
L'enquête soulève également une forme de crise de croissance des métiers de l'UX et l'UI. Victimes de leur succès, les formations se sont multipliées, impliquant une forte tension du secteur. Les compétences liées à l'UX se sont banalisées et ont entraîné, selon les recruteurs, des déséquilibres entre les compétences attendues et les prétentions des candidats. Parmi leurs principales préoccupations, les designers souhaitent que leurs compétences et leurs atouts soient mieux compris et valorisés. Il y a donc encore un travail de pédagogie à faire auprès des annonceurs pour qui les designers interactifs deviennent indispensables. Par conséquent, la profession gagne progressivement en maturité, alors que le besoin soutenu de compétences offre malgré tout des opportunités professionnelles nombreuses et attractives.