La semaine vue par...
Guillaume Liegey, cofondateur de la start-up spécialisée en stratégie électorale Liegey Muller Pons, commente pour Stratégies l'actualité de la semaine.

La fin de la campagne présidentielle américaine

Le bilan de la campagne est assez clair. Contrairement à 2008, il n’y a eu aucune innovation marquante en termes de communication politique. Hillary Clinton est allée un peu plus loin en matière d'utilisation des technologies – data, réseaux sociaux… – mais sans apporter de réelle nouveauté. Quant à Donald Trump, il a recouru très peu à la techno, mais surtout aux achats médias. C’est un peu une campagne à la «sud-américaine». Et c’est tout de même efficace! Il a déjà surpris tout le camp républicain, en investissant pourtant beaucoup moins d’argent que les autres au départ. Personne n’aurait misé sur lui il y a un an. Mais cette méthode de communication tient beaucoup à la personnalité de Donald Trump. C’est tout de même une star de la télé-réalité au départ, en plus d’être un business man. Pour autant, je ne pense pas que ce mode de communication puisse être payant pour d’autres personnalités politiques.

 

Le 2e débat des primaires de la droite en France a réuni près de 3 millions de spectateurs

Oui, nous sommes à huit mois de l’élection présidentielle, et on ne sait toujours pas qui sera candidat. Les spectateurs regardent aussi cela comme une série à suspens. Comment Juppé va-t-il s’en sortir? On est dans un vrai schéma narratif. Une grande question qui subsiste reste celle de la participation aux primaires de droite des électeurs de gauche. Or, ce concept, qui s’appelle le «cross over voting», est inédit, et je mets ma main à couper qu'il ne se produira pas. Ce concept est souvent étudié en politique, mais cela demande une trop grosse mobilisation et une importante concertation. Les électeurs ont du mal à voter stratégiquement, de manière calculée. Ils sont toujours sincères. Cela fait longtemps que les primaires sont ouvertes aux Etats-Unis, et l'on n’a jamais observé cela.

 

La première couverture du Monde sur le financement libyen de la campagne de Sarkozy

Au-delà de l’affaire du financement libyen, on peut surtout s’interroger sur le pourquoi de ces meetings gigantesques lors des campagnes. Que le financement soit légal ou non, dans le monde politique, tout le monde sait que la surenchère de grand-messe n’est d’aucune efficacité électorale. Vous ne faites que prêcher des convaincus! A la rigueur, un grand meeting au début, pour motiver les troupes à faire du porte-à-porte, galvaniser les sympathisants, ainsi qu’un à la fin, suffisent. Mais, au bout du compte, les grands meetings ne satisfont que le candidat. Si vous avez un million d’euros à dépenser dans une campagne, autant les investir dans des actions de terrain, qui seront plus efficaces. Mais cette génération d'hommes politiques reste focalisée là-dessus.

 

La COP 22 qui se tient jusqu'au 18 novembre à Marrakech, au Maroc

Elle doit être mise en avant pour plusieurs raisons. D’une part car il y a urgence d’un point de vue écologique, mais aussi politique. Les gens ne croient plus au concept d’accords supranationaux. Cela va de pair avec la remise en cause des institutions au sens large. C’est le même problème qu’avec l’Union européenne. Il faut démontrer l’efficacité réelle de l’entente entre les pays. Tout cela demande de dépasser le langage institutionnel, de raconter une belle histoire, de parler des gens, d'aller au contact direct, plus que de décrire des accords officiels.

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