Moins de voyages de stimulation, de séminaires et de réunions générales (qu'on regroupe sous le terme anglais d'«incentive») et à des tarifs plus bas. Tel est en bref le bilan de l'année 2009 pour le marché de l'événementiel corporate. Un chiffre résume cette «annus horribilis»: un tiers des entreprises qui déclarent avoir profité de la crise ont négocié à la baisse les prix de ces prestations.
Philippe Fournier, président de l'Association des agences de communication événementielle (Anaé), constate que «le voyage de motivation a été très touché en 2009. Les agences courbent l'échine et vivent sur leurs réserves». Cette mauvaise conjoncture s'explique par des raisons financières, mais aussi d'image, à une période où il n'est pas très bien vu d'organiser d'immenses raouts.
Pour Benoît Rosenthal, directeur de pôle chez Bedouk Meetings & Events Media, «le voyage de stimulation peut encore être assimilé à du loisir financé par l'entreprise. Certaines sociétés ont préféré annuler leurs manifestations, quitte à payer quand même les prestations commandées.»
Une analyse partagée par Philippe Fournier, également directeur général de MCI France, qui tient à défendre sa profession: «L'opinion a cru que la réunion d'entreprise, c'était du bling-bling et des paillettes. Ce n'est pas du tout le cas.»
Réduction des délais
Malgré l'impact de la crise, il y a eu peu de faillites, hormis celle de LSO International sur la Côte d'Azur. En revanche, les réductions d'effectifs et le recours accru aux CDD et intérimaires se sont largement développés.
Le secteur continue de se consolider, comme l'illustre la création récente d'Havas Events, regroupant les activités événementielles de W&Cie (W one), Havas Sports & Entertainment, Euro RSCG C&O et Euro RSCG Worldwide Events en France.
Autre effet de la crise: les délais de réalisation des événements se sont réduits de façon drastique. On est passé de six mois à quinze jours, entraînant une forte pression sur les agences événementielles.
Le tableau cette année ne devrait guère changer. Une fois entérinée la contraction des budgets, difficile de revenir en arrière. Néanmoins, l'Anaé note que les demandes ont repris depuis fin 2009, même s'il s'agit souvent d'opérations décidées à la dernière minute. Et les grands événements nationaux (comme le Mondial de l'auto en octobre prochain) ou internationaux (comme la Coupe du monde de football en Afrique du Sud cet été) pourraient redonner l'envie aux entreprises d'investir dans la communication événementielle.
Le Puy-du-Fou veut séduire les pros
Un voyage dans le temps. C'est ce que propose aux entreprises le parc d'attractions vendéen du Puy-du-Fou pour leurs séminaires et réunions d'incentive. Renommé pour ses spectacles son et lumière aux milliers de figurants en costumes d'époque, le parc cherche aujourd'hui à attirer la clientèle d'affaires.
Dès 2003, le parc a créé le Club des partenaires du Puy-du-Fou, qui rassemble une douzaine de sociétés surtout régionales (Crédit mutuel, Sodexo, Jeanneau, etc.). En 2007, une seconde étape est franchie avec la création de la division tourisme d'affaires, qui «a séduit plus de 200 sociétés en 2009 sans aucune démarche commerciale de notre part», se félicite Laurent Albert, directeur général.
Le parc offre aux clients d'affaires un parcours temporel: travailler dans un manoir du XVIe siècle, assister à un dîner de gala dans un hall Renaissance et dormir dans une villa gallo-romaine.
L'activité tourisme d'affaires a plutôt bien résisté à la crise économique en 2009, avec un chiffre d'affaires comparable à celui de 2008 – un très bon cru selon Laurent Albert, qui se dit optimiste pour 2010. Il mise sur une progression mécanique de 10% du nombre de visiteurs (1,4 million en 2009), dont une partie de prescripteurs (chefs d'entreprise, cadres supérieurs) venus en famille, et sur l'ouverture en avril du troisième hôtel thématique, les Îles de Clovis, une cité lacustre d'une capacité de 100 chambres.
Le tourisme d'affaires ne représente encore qu'une petite partie du chiffre d'affaires global (1,8 million d'euros sur 42 millions), mais son potentiel est important. Le parc vendéen vient de mettre en ligne un nouveau site Web (www.puydufou.com) qui propose vidéos et animations en 3D.
Prochain chantier : attirer les entreprises nationales, qui ne représentent encore qu'un tiers des clients d'affaires du parc.