Trois candidats se sont déclarés pour le poste de directeur du journal Le Monde, qui sera choisi d'ici le 20 avril par les actionnaires avant d'être soumis au vote de la rédaction. Outre Gilles Van Kote, directeur par intérim depuis le départ de Natalie Nougayrède en 2014, et dont la candidature était déjà connue, Christophe Ayad, chef du service international, et Jean Birnbaum, responsable du Monde des livres, le supplément littéraire du Monde, ont eux aussi annoncé leur candidature. Tous trois l'ont annoncée dans un courrier à la Société des rédacteurs, qui l'a retransmis à tout le personnel samedi, au lendemain de la date limite pour postuler.
D'autres candidats que ces trois noms ont pu aussi se faire connaître directement auprès des actionnaires.
Le trio de propriétaires - Pierre Bergé, Xavier Niel et Matthieu Pigasse - auditionnera les postulants à partir du 13 avril, avant d'annoncer un choix le 20 avril, puis après 15 jours, la rédaction se prononcera. Le candidat doit recueillir 60% de suffrages favorables pour ensuite être désigné par le conseil de surveillance.
Les trois candidats déclarés
Christophe Ayad, 46 ans, longtemps grand reporter à Libération, lauréat 2004 du prix Albert Londres pour ses enquêtes sur l'Irak, Dubaï et le Rwanda, est entré au Monde en 2011 et est devenu seulement trois ans plus tard, en 2014, chef du service international. Dans son courrier à la rédaction, il insiste notamment sur la nécessité de développer la vidéo.
Jean Birnbaum, 40 ans, collaborateur du journal à partir de 1999 qu'il intègre en 2006, dirige le cahier livres depuis 2011. Il a signé plusieurs ouvrages, notamment le dernier entretien avec le philosophe Jacques Derrida. Dans son courrier de présentation, il plaide pour une "transformation urgente", "notamment "la révolution numérique et multimédia". Jean Birnbaum a eu plusieurs heurts ces dernières années avec Pierre Bergé, l'un des coactionnaires du journal, qui a plusieurs fois publiquement critiqué la ligne éditoriale du Monde des livres.
Gilles Van Kote, 51 ans, souligne lui dans son courrier vouloir continuer sur la ligne qu'il a mise en place depuis dix mois et vouloir pour Le Monde "renforcer sa place de média de référence tout en plaçant le numérique au coeur de son organisation".
Plusieurs chantiers
Le nouveau directeur prendra les commandes d'un journal qui a souffert comme les autres de la crise de la presse, mais a plutôt bien résisté l'an dernier avec une diffusion quasi stable (-0,8%), à 273.000 exemplaires en moyenne chaque jour. Il devra aussi mener à bien plusieurs projets dans les mois et années à venir.
Le Monde va lancer début mai une édition numérique du matin, destinée aux tablettes et aux mobiles. En complétant son offre éditoriale, le quotidien souhaite notamment fidéliser ses quelque 150.000 abonnés numériques. L'année 2015 devrait également voir Le Monde sortir du métier d'imprimeur avec la fermeture de l'imprimerie située à Ivry, en région parisienne.
A l'horizon 2017, le futur siège du groupe Le Monde, dans le sud de Paris, doit permettre de faire travailler ensemble les 1 400 collaborateurs des différentes publications print et online: Le Monde, Télérama, L'Obs, Rue 89, Le Huffington Post, Courrier international et La Vie.