Le directeur de l’efficacité marketing et du média d'Axa Groupe était l'un des dix invités de la conférence «Les directeurs marketing champions de l'IA», organisée dans le cadre du Stratégies Festival.

Depuis juillet 2023, AXA utilise sa plateforme d'IA générative, Secure GPT, développée avec Microsoft. Quel était le rôle dévolu à cette IA et quel bilan au bout d'un an ?

Utiliser ChatGPT pour des informations internes n’étant pas très recommandé, nous avions besoin de nous doter d'une plateforme pour faire nos requêtes, de la traduction, de la synthèse, du brainstorming, etc., le tout dans un environnement sécurisé pour l’entreprise. En termes de résultats, nous observons une croissance progressive du nombre d'utilisateurs chaque mois. Sans surprise, même si Secure GPT est aujourd’hui accessible à l’ensemble de nos 140 000 collaborateurs, l’adoption semble davantage commencer par les populations plus jeunes, stagiaires, alternants, jeunes diplômés.

Vous avez également annoncé un partenariat avec Mistral AI. Quels sont les apports attendus avec cet opérateur français ?

Autant il est important de travailler avec des grands groupes tel que Microsoft, pour leur capacité à déployer largement des solutions à une échelle internationale, autant collaborer avec des acteurs agiles peut également apporter une valeur ajoutée complémentaire. Avec Mistral, nous voulons créer des solutions personnalisées pour l'assurance prenant en compte trois enjeux : la réduction des biais de l'IA, l’interprétabilité des résultats, et la limitation de l'empreinte carbone. Aujourd'hui, travailler avec des modèles extrêmement puissants est très consommateur en carbone. Nous devons faire mieux : pour certaines tâches, des modèles moins puissants peuvent – et donc doivent – être utilisés.

Vaut-il mieux travailler avec un généraliste capable de développer des choses spécifiques ou avec des prestataires spécialisés dans son secteur d'activité ?

Les deux approches sont complémentaires. Nous avons des cas d’usage spécifiques liés à notre activité, et des cas d’usage plus généralistes. Secure GPT nous permet par exemple de traduire des documents dans une quinzaine de langues sans avoir besoin d’être hyperspécialisé. Ce qu’il faut regarder, c’est ce que chacun de nos fournisseurs apporte, la complémentarité avec nos équipes, et la capacité de nos collaborateurs à s’approprier les solutions, en gardant bien sûr un nombre de partenaires limités.

Quelles sont les technologies spécifiques que vous avez développées pour les équipes de la communication ?

Quand Mathieu Morgensztern, l’ex-CEO de WPP en France a créé sa start-up AdaptivAI l’an dernier, nous avons continué à travailler ensemble. Nous avons lancé une plateforme dédiée, My AI Brain, qui s'appuie sur des modèles de LLM, mais aussi sur un corpus documentaire permettant de réduire les biais et les phénomènes d’hallucination. Nous avons mis en place plusieurs cas d’usage de veille concurrentielle, sur nos différents marchés, en commençant notamment par la pige publicitaire. La technologie est déjà capable de répondre à nos questions et nous donne de vrais insights sur la stratégie publicitaire des différents acteurs du marché. D'autres équipes se sont intéressées à notre projet, qui s'est progressivement ouvert à la stratégie, à la finance, au juridique. Ce qui est important, c’est de s’assurer que des solutions en évolution constante vont répondre aux besoins des différents utilisateurs.