La marque de prêt-à-porter féminin Naf Naf a trouvé un repreneur, sauvant ainsi 90 % des emplois.
La marque de prêt-à-porter féminin Naf Naf, en redressement judiciaire depuis septembre dernier, a été reprise mardi 18 juin par une entreprise turque de fabrication de tissus, ce qui sauve près de 90 % des emplois, selon une décision de justice consultée par l’AFP. La société Migiboy Tekstil a offert plus de 1,5 million d’euros pour reprendre Naf Naf et s’est engagée à sauvegarder les emplois de 521 personnes et à conserver 100 boutiques en propre. Cette entreprise turque emploie environ 750 personnes, peut-on lire sur son site.
En mai dernier, la direction de Naf Naf avait déclaré auprès de l’AFP que l’offre de Migiboy Tekstil témoignait d’une « réelle volonté de reprendre l’entreprise ». Lourdement endetté en raison notamment de loyers impayés durant la pandémie de Covid-19, Naf Naf avait été placé en redressement judiciaire en septembre 2023. Dans la décision du 18 juin, le tribunal de commerce de Bobigny (Seine-Saint-Denis) rappelle également que la société a souffert d'« une baisse de fréquentation des zones de chalandises » et de l’effet « de l’inflation et de l’augmentation du coût des matières premières ».
Un secteur en crise
Lancée en 1973 par deux frères, Gérard et Patrick Pariente, Naf Naf avait déjà été placée en redressement judiciaire en mai 2020. L’entreprise avait alors été reprise par le groupe franco-turc SY International, qui emploie plus de 1.000 personnes dans le monde, et avait déjà acquis l’enseigne Sinéquanone en 2019. En octobre 2023, Naf Naf employait 682 salariés en France, possédait 125 boutiques en France et 69 boutiques affiliées, selon la décision de justice.
De premières suppressions d’emplois et fermetures de boutiques étaient intervenues à la suite de l’ouverture de la procédure de redressement judiciaire en septembre 2023. Mais « compte tenu des résultats de la période d’observation, la présentation d’un plan d’apurement s’est avérée compromise » et les administrateurs judiciaires avaient alors lancé un appel d’offres pour reprendre l’entreprise en avril, explicite la décision.
Camaïeu, Kookaï, Gap France, Don’t Call me Jennyfer, André, San Marina, Minelli, Pimkie, Comptoir des Cotonniers, DPAM, Sergent Major, Princesse Tam Tam, Kaporal, IKKS… Le prêt-à-porter traverse une violente crise depuis plus d’un an. Elle a été fatale pour certaines marques, qui ont été liquidées, comme Camaïeu en septembre 2022, avec le licenciement de 2.100 salariés qui avait fortement marqué les esprits.
Certaines entreprises ont coupé dans les effectifs et fermé des magasins, comme Pimkie. D’autres avaient placé en redressement judiciaire, comme Naf Naf ou Kaporal. Outre Camaïeu, la liquidation a été prononcée pour San Marina ou Burton of London plus récemment. Ces marques bien connues des centres-villes français ont souffert d’un cocktail détonant : pandémie, inflation, hausse des prix de l’énergie, des matières premières, des loyers et des salaires, ou encore concurrence de la seconde main et de la « fast fashion ».
Selon l’Institut français de la mode (IFM), le volume des ventes dans le secteur de la mode a reculé de 4 % en 2023.