Le directeur général de l’Ifop revient sur les grandes actualités de la semaine.

La couverture médiatique des élections européennes en baisse de 30% en France par rapport à 2019, d’après une étude de la Fondation Jean-Jaurès et de Confrontations Europe.

Pourtant, les indicateurs de l’Ifop montrent un intérêt beaucoup plus fort des Français pour ces élections, comparé au précédent scrutin européen. Selon le baromètre sur les conversations des Français pour Paris Match et Sud Radio, 40% en ont parlé. C’est 13 points de plus qu’en 2019. La couverture médiatique est peut-être en baisse mais ça ne contrarie pas l’intention d’aller voter qui tangente les 50%. Par ailleurs, je remarque un basculement inédit de la façon de s’informer des jeunes. D’après notre sondage avec l’Anacej, TikTok et Instagram constituent leurs principaux vecteurs d’information. Ce n’était pas le cas il y a cinq ans. 

Le débat organisé sur France 2 le 23 mai dernier entre le Premier ministre Gabriel Attal et la tête de liste RN Jordan Bardella.

Le climax médiatique de la campagne a accouché d’une souris électorale : les lignes n’ont pas bougé dans le rolling quotidien, malgré une légère remobilisation du socle macronien. Surtout, je note deux vainqueurs symboliques : le RN qui se place non pas en parti d’opposition mais comme parti d’alternative et François-Xavier Bellamy qui est apparu comme celui qui  a mis en exergue une forme de confiscation du débat. Les éditorialistes ont estimé que Gabriel Attal avait pris l’avantage. Or, auprès des Français, c’est Jordan Bardella qui est sorti renforcé du débat. Le monde médiatique est resté sur un seul critère, celui de la maîtrise des dossiers, de la compétence. Ce critère continue de fonctionner dans l’opinion mais il n’est plus dominant. La proximité avec les préoccupations des Français, la forme comptent autant.

Les refus des candidats PS Raphaël Glucksmann et Les Écologistes Marie Toussaint de participer au débat sur CNews, le 30 mai, estimant que la chaîne promeut des idées d’extrême droite. 

Au mois de mai, pour la première fois, CNews est la première chaîne française devant BFM TV et le débat a réalisé de bonnes audiences. Aussi, je m’interroge : est-ce que ces candidats n’ont pas perdu l’occasion de se distinguer ? Raphaël Glucksmann n’a pas creusé l’écart dans les sondages et ne dépasse pas Valérie Hayer. La posture morale qui est de dire que CNews est une chaîne extrémiste est contre-productive car des électeurs potentiels de la gauche la regardent. J’ai consulté une étude de 2022 de l’Ifop pour Marianne : les votes des téléspectateurs de CNews étaient finalement assez proches de ceux de la population [24% des téléspectateurs disaient avoir voté pour Marine Le Pen et elle a obtenu 23,15% des suffrages, 10% pour Éric Zemmour, il a fait 7%].

Après Paris et Londres, Berlin autorise à son tour l'Ukraine à utiliser des armes contre des cibles en Russie.

L’Ifop suit les opinions françaises, allemandes et anglaises sur la fourniture de matériel militaire : les Français et Allemands y sont favorables à hauteur de 53 et 55%, c’est encore plus fort au Royaume-Uni avec 69%. Dans ces trois pays, on pense que la guerre sera longue et qu’il faut arrêter Poutine car il ne s’arrêtera pas de lui-même. Je remarque une évolution de l’opinion sur l’engagement de la France en Russie. Fin février, nous avons mené une étude pour Sud Radio sur une intervention terrestre des forces françaises dans le cadre d’une coalition européenne : seuls 27% des Français se disaient favorables. La question a été reposée la semaine dernière, ils sont désormais 34%. 

L’humoriste Guillaume Meurice suspendu de l’antenne de France Inter depuis le 2 mai pour une blague sur Benyamin Netanyahou. 

On se demande où est l’humoriste et où est le militant. J’ai été convaincu par l’éditorial de Martin Legros dans Philosophie Magazine sur la «joie mauvaise» concernant cette blague comparant Benyamin Netanyahou à une «sorte de nazi mais sans prépuce». J’y vois une logique de «dieudonnisation» avec cette rhétorique qui consiste à «nazifier» des personnes de confession juive. Guillaume Meurice m’attire peu de sympathie et je suis indifférent à sa mise à pied. J’ai été plus touché par la mise à l’écart du journaliste Jean-François Achilli de l’antenne de Franceinfo pour des motifs plus obscurs [ce dernier a été licencié fin avril par Radio France pour une suspicion de collaboration à un projet d’autobiographie de Jordan Bardella].

Donald Trump reconnu coupable le 30 mai de l’ensemble des chefs d’accusation à son procès pénal à New York pour des paiements dissimulés à Stormy Daniels, une star de films X.

Traditionnellement, dans ce type d’histoire de mœurs, les Américains sont impitoyables. Je pense notamment au retrait de Gary Hart de la campagne présidentielle en 1988. Mais Trump arrive à se draper dans une logique de victimisation et est soutenu par ses partisans. Quelle sera la ligne qui l’emportera le 11 juillet prochain ? Pour finir sur une note drôle, il paraît que le camp de Trump a moins peur d’une condamnation que d’un appel de Taylor Swift à voter pour Joe Biden.

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