Innovations
Le plus grand événement mondial de l'électronique avait lieu du 9 au 12 janvier, à Las Vegas. Stratégies revient avec la société spécialisée Niji sur les principales tendances.

L’object as a service

Désormais, on ne parle plus d’objet, mais de plateforme. C’est elle qu’il faut principalement mettre en avant. « Il n’y a plus aucune barrière au développement des objets connectés, car on peut faire beaucoup de choses techniquement. C’est très simple, maintenant, lorsqu’on a un concept, de le créer, observe David-Henri Bismuth, directeur du laboratoire chez Niji. Si bien que les objets connectés sont partout. Dans la maison, au bureau, dans le jardin… Les fabricants se différencient sur la plateforme. » La bataille consiste alors pour les fabricants à savoir comment ils traitent la donnée, quels services ils mettent en place, (abonnement…) et avec quels systèmes ils sont compatibles.

 

La démocratisation de matériels professionnels

La mode est à la simplicité. On rend donc des objets professionnels plus facile à utiliser. « On est passé de l’émergence des activity trackers, qui donnaient un premier niveau d’information sur son activité, à des objets quasi médicaux », s’enthousiasme David-Henri Bismuth. On trouve de quoi améliorer sa musculature, mesurer son cycle d’ovulation, son haleine pour détecter son niveau de digestion… Les fabricants dépassent le soin pour aller sur la santé. « Certains nouveaux objets démocratisent la mesure de la qualité de l’air, les nuisances sonores… », précise le directeur.

 

L’IA à toutes les sauces

En 2018, sur le CES si on n’a pas son IA, on est has been ! « Certes, certains la mettent en avant sans qu’il y en ait réellement derrière. Et en grattant, on trouve simplement un algorithme ou une arborescence, mais point d’IA. Néanmoins, on remarque globalement une vraie tendance », analyse David-Henri Bismuth. La commande vocale par exemple, « c’est le degré zéro de l’IA, mais elle est partout ! » Outre la grande bataille entre Google et Amazon, ce mode d’interaction s’insère dans tous les objets. Alexa dans des voitures, Google assistant dans l’électroménager… Ou dans le développement de nouvelles applications, comme AIpoly, un logiciel de reconnaissance vidéo, via des caméras de surveillance. « Elles arrivent à savoir quels sont les objets mis dans le panier. Et on peut connaître le panier moyen sans avoir à connaître la personne ! » explique-t-il.  Si le procédé n’est pas encore industrialisable, il fonctionne. « Ce qu'il faut retenir, c'est que l’IA permettra de transformer tout un tas de vieux matériel en une nouvelle génération et de retoucher de vieux enregistrements ou de mauvaises photos… », assure le spécialiste. 

 

De nouvelles interactions

« On assiste à un florilège de nouveaux types d’interactions. La voix, déjà, mais on remarque aussi de tout no uveaux procédés. Comme Sgnl pour téléphoner avec son doigt, en passant par la conduction osseuse », décrit David-Henri Bismuth. Niji a aussi repéré la commande par le regard, avec TOBII qui fait du tracking d’iris. « Cela va se développer dans les casques de réalité virtuelle pour enrichir l'expérience. Mais aussi pour optimiser la puissance de calcul en ne travaillant l’image que sur la zone où le joueur regarde », explique le spécialiste. Dans cette tendance, on trouve aussi les systèmes de paiement par selfies via la plateforme Alipay. Alibaba a annoncé en implanter dans les KFC, et va passer au déploiement national en Chine… C’est dire si la technologie est au point ! Le géant chinois a annoncé 500 millions d’utilisateurs d'Alipay. Le seul problème reste qu’Alipay n’est pour le moment pas disponible en dehors de la Chine. Mais d’autres acteurs s’y mettent, comme Mastercard.

 

En route pour la voiture autonome

C’était déjà une tendance en 2017, mais là, l’excitation est à son comble. « On en voit clairement apparaître sur le salon, note David-Henri Bismuth. Le chemin sera semé d’embûches, tant au niveau technique que juridique, mais on les verra plus concrètement d’ici 2020-2025. » Même s'il y aura besoin d’un temps d’adaptation. « Là où l'on voit que ça progresse, ce n’est pas dans le véhicule lui-même, mais dans l’écosystème. Car la voiture autonome ne fonctionnera pas toute seule. Elle évoluera dans une ville intelligente », analyse-t-il. Se développe alors tout un tas de services. Un valet électronique qui gare votre voiture sur une place de parking lorsque vous approchez. Plus que la voiture, c’est le lieu, qui devient intelligent. Idem, les voitures évolueront en réseaux. Lorsque deux voitures se suivent, une caméra sur la voiture de devant permet de montrer le paysage – et ses dangers – au conducteur de celle de derrière. « On étend ainsi l’intelligence du véhicule », note-t-il. Le véhicule devient aussi plateforme de service et médias : audio, vidéo, ou pour le commerce.

 

Beaucoup beaucoup beaucoup de robots

« C’était presque la cour des miracles », ironise David-Henri Bismuth. Le CES 2018 a mis en avant des robots partout. Pour tout et parfois n’importe quoi, d’ailleurs. « Forcément, il y a beaucoup de déchets avec des démonstrations qui ratent totalement… Mais le principe de sélection naturelle va se mettre en place sur le marché », prévoit-il. Parmi la foison de robots présentés, beaucoup sont plus aboutis que les années précédentes et sur certains types de produits, la technologie devient plus fiable. Robot laveur de vitre, robot livreur, robot ramasseur de balles, robot B2B pour l’exploration sous-marine, des bras industriels, et surtout, c’était la grande mode, des robots compagnons. « On aperçoit plus de robots autonomes capables de “vivre” en interaction avec la famille. Des robots qui captent des moments de la famille importants, comme le robot Kuri qui va prendre des photos de beaux moments familiaux. Les enfants peuvent parler avec, tout est fait pour qu’il devienne un membre de la famille. Il avait déjà été présenté l’année dernière, mais est cette année beaucoup plus abouti », argue-t-il. À noter également, des robots pour personnes âgées. Une tendance en robotique a sauté aux yeux des équipes de Niji : la Chine est passé du stade de copieur à inventeur.

 

La VR sort du jeu

Autrefois limité au gaming ou au divertissement, la réalité virtuelle [VR] trouve désormais des applications plus concrètes. « Elle permet par exemple de faire de la rééducation après un accident. Pour rééduquer son bras, on peut lancer des balles, tirer à l’arc… », décrit David-Henri Bismuth. Au niveau professionnel, elle aide à la formation, permet de visiter les zones dangereuses sans avoir à y aller. Le niveau d’interaction se développe aussi. Les entreprises travaillent sur l’augmentation des sensations pour se rapprocher un peu plus du réel, avec l’accélération de l’haptique – la science du toucher. 

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