Graphisme
Entre graffiti, tatouage et Velasquez, Shane a dompté à la perfection le dessin au point. Un travail de précision, très chronophage mais au rendu étonnant.

Un art consommé du pointillisme qui, à regarder de très près, donne carrément le vertige. Fan de graffiti, Shane (Richard Hello pour l'état civil) est un rigoriste du point. À 27 ans, ce Normand d'origine s'est inspiré du tatouage, qu'il pratique d'ailleurs à l'occasion, pour adopter cette technique. Fils d'artisans, sa mère était tapissière et son père est l'un des derniers couteliers de France. Il se souvient de «leurs dessins préparatoires foisonnant de motifs et de détails». Après avoir fait ses premières armes en arts plastiques à l'Atelier Conta, une institution à Caen, il intègre une école privée à Paris. Il en retiendra que les métiers du web ne sont pas pour lui.

Il a à peine 20 ans quand il décroche un stage de six mois à l'agence Les Gros Mots. «Les débuts ont été difficiles, reconnaît-il, on y apprend à être les mains du commercial, à gérer les contraintes, mais ce fut très formateur.» Sa voie, il la trouvera en 2011 au cours d'un autre stage dans un tout nouveau studio de graphisme et d'illustration, Violaine et Jérémy (Orsoni et Schneider de leur nom de famille). La même année, il se lance dans le grand bain comme freelance avec pour premiers clients les éditions Marabout (Hachette) et quelques festivals (affiches, flyers...).

 

Effet aérographe

 

 

Face à l'urgence des commandes, il trouve une parade grâce à la magie de Photoshop restituant «un effet aérographe très proche du granulé rendu par le pointillé à la main... mais sans ces petits accidents qui rendent le dessin intéressant et unique». Exemple: Sneaker Freaker, une basket explosive qu'il a réalisé sur ordinateur en dix jours au lieu des trois mois qui auraient été nécessaires à la mano. Ses créations font mouche: Nike US le contacte en direct via le site Behance pour réaliser une série de 20 tee-shirts, plusieurs agences le font travailler comme TBWA ou Ogilvy pour Penguin Books notamment...

Le travail à la main, il le réserve désormais pour ses propres travaux. Il a auto-édité en septembre dernier The bullshitter dairy, un ouvrage d'illustrations de 24 pages imprimé en risographie. Tout fait main. Cinq ans de travail. Son ambition aujourd'hui: se lancer dans la peinture... à l'huile, avec comme source d'inspiration Velasquez et notamment son portrait d'Innocent X autour du thème de la richesse, du paraître. Sa première cible: les Lo Life, ces «cailleras» fans de Ralph Lauren.

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