Vous venez de vous offrir Rocket Fuel, en quoi ce rachat est stratégique pour vous ?
MARK GRETHER. Ce rachat nous permet de compléter notre offre. Maintenant, nous sommes une des plus grandes plates-formes d’achat indépendantes. Nous couvrons tout le business avec l’adserving, le DSP, la DMP, l’optimisation de campagne, l’intelligence artificielle, et ce, à l'échelle internationale, en étant présent sur 70 marchés. Cela fait de nous une vraie alternative d’achat publicitaire. Nous avons également tous les types de données à disposition, que ce soit les datas d’analyse de performance des campagnes, ou les données consommateurs.
Vous possédiez déjà un bloc d’intelligence artificielle non ?
M.G. Oui, mais nous mettrons les deux savoirs en commun afin de développer une partie d’aide à la décision. Cette strate viendra s’ajouter au-dessus des accès des différents DSP (Header Bidding) et aidera à choisir les plus adaptés, via un programme d’intelligence artificielle pour optimiser les performances de chaque campagne. Nous travaillons aussi beaucoup pour développer l’achat d’espace TV en programmatique.
À ce propos, on en parle beaucoup, mais le programmatique en TV avance-t-il vraiment ?
M.G. Je pense que ce sera comme avec le mobile. On en a parlé et parlé, et puis un jour, ça a décollé, mais ce jour-là, mieux valait être prêt. Car si vous prenez un peu de retard, vous êtes perdu. Il en sera de même avec le programmatique en télévision. Pour le moment, oui, on en parle beaucoup, mais il faudra être à l’heure au rendez-vous !
Concernant le rachat, Rocket Fuel est passé d’une valeur de 2 milliards de dollars en 2013 à plus de 125,5 millions à peine en 2017. Comment expliquez-vous cela ?
M.G. Je pense que le marché est en pleine transformation, les entreprises doivent changer d’échelle pour devenir mondiales. Et c’est là que réside toute la difficulté. La grande variabilité des valorisations vient de là. Car celles qui ne le font pas se font sanctionner très vite. Beaucoup ont investi dans la technologie, levé des fonds et mis au point des outils remarquables, mais ne se sont pas développées à l’échelle internationale. Peu importe que vous ayez une bonne techno, ce n’est pas pareil de déployer une campagne sur un ou quinze pays. Et c’est ce que les annonceurs demandent désormais. Une présence internationale, cela demande du temps et des investissements du même ordre que pour la technologie. Ce n’est pas négligeable ! Il faut des personnes pour se positionner sur un marché. À l’avenir, les entreprises qui ne sont pas de dimension internationale pourraient tomber de haut. C’est pourquoi tout le monde court à l’internationalisation.
Ensuite, Rocket Fuel avait une stratégie qui outrepassait les agences. Ce n’était peut-être pas adapté. Nous ne le faisons pas. Nous estimons que c’est mieux pour tout le monde de travailler avec elles. Notre business model est plus transparent, ainsi, et la transparence est nécessaire pour faire avancer le marché.
À l’avenir, les entreprises qui ne sont pas de dimension internationale pourraient tomber de haut.
