L'assistant d'intelligence artificielle Meta AI peut désormais faire la conversation avec les utilisateurs des applis du groupe américain, qui sort aussi son premier prototype de lunettes à réalité augmentée et IA.

« Meta AI est en passe de devenir l'assistant IA le plus utilisé au monde d'ici la fin de l'année. En fait, c'est probablement déjà la cas », a déclaré mercredi 25 septembre Mark Zuckerberg, le patron de Meta (Facebook, Instagram, WhatsApp), lors de l'événement annuel du groupe pour présenter ses nouveautés.

Comme ChatGPT (OpenAI) ou Gemini (Google), Meta AI répond aux questions des utilisateurs, crée des images à la demande, rédige des messages, propose des itinéraires touristiques ou des idées d'activités.

Meta a annoncé mercredi que son assistant gagnait en naturel : il va désormais interagir à l'oral et aussi analyser des images. Il peut par exemple proposer une recette à partir de la photo d'un plat ou encore éditer un cliché selon des requêtes.

Les utilisateurs pourront choisir entre différentes voix artificielles ou les voix IA de célébrités, dont l'actrice américaine Awkwafina, la comédienne britannique Judi Dench ou encore la vedette du catch John Cena. En juin dernier l'ajout de la voix à ChatGPT avait forcé OpenAI à présenter des excuses à l'actrice Scarlett Johansson pour avoir conçu une voix très proche de la sienne, suscitant une polémique sur la création de voix copiées sur celles des humains.

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Meta AI est gratuit et disponible dans les messageries des plateformes du groupe. Mais pour en faire un véritable secrétaire ou compagnon numérique, le groupe californien va devoir naviguer entre une meilleure personnalisation de l'outil, qui requiert l'accès à plus d'informations sur les utilisateurs, et le respect de la confidentialité des données.

L'équation est particulièrement difficile à résoudre en Europe, qui a adopté des lois sur les données personnelles, les marchés numériques et l'IA. Plusieurs grands groupes américains, dont Apple et Meta, ont ainsi suspendu le déploiement de leurs outils d'IA générative (traitement et production de textes, images et autres contenus sur simple requête en langage courant) dans l'Union européenne.

Mercredi, Meta a indiqué que près de 400 millions de personnes consultaient désormais Meta AI au moins une fois par mois. Mais la concurrence est féroce, et les obstacles, nombreux. Google et Microsoft (principal investisseur d'OpenAI) ont pris une longueur d'avance, notamment dans la productivité. Copilot, l'assistant de Microsoft, peut accomplir de plus en plus d'actions à la demande.

Quant à Apple, enfin de la partie, il vient de lancer ses premiers iPhone avec de l'IA générative intégrée dans son système d'exploitation, pour transformer l'assistant vocal Siri en une sorte de secrétaire omniscient, toujours à disposition.

Lunettes avec IA à commande vocale

Meta a par ailleurs présenté mercredi son premier prototype de lunettes à réalité augmentée et intelligence artificielle (IA), espérant à terme créer une nouvelle plateforme informatique pour les consommateurs, après les ordinateurs personnels et les téléphones portables.

Baptisées « Orion », ces lunettes sont équipées d'une caméra, d'écouteurs et d'un assistant IA à commande vocale, comme les Meta Ray-Ban connectées, commercialisées depuis plusieurs années. Mais elles comportent en plus de minuscules projecteurs pour visualiser des vidéos, des écrans ou encore des personnes sous forme d'hologrammes - le tout sans porter de casque qui isole l'utilisateur.

« C'est comme une machine pour voyager dans le temps », a lancé Mark Zuckerberg, le patron de Meta. « Elles offrent un aperçu du futur qui va être vraiment enthousiasmant, je pense. » Le milliardaire a conclu sa présentation annuelle des nouveautés du groupe avec ce nouvel appareil, la seule véritable surprise de l'événement à Menlo Park (Californie), le siège de l'entreprise.

Il a raconté comment il a formé une équipe il y a dix ans pour fabriquer des lunettes sans fil, légères (moins de 100 grammes), capables de projeter des images suffisamment nettes, lumineuses et grandes pour s'adapter à tous les usages et environnements, sans empêcher les contacts visuels avec les personnes présentes physiquement.

Pour interagir avec les différentes fonctions, l'utilisateur se servira de la voix et des gestes manuels, mais aussi, potentiellement, des pensées, grâce à des capteurs sur un bracelet. « Il faut un appareil qui permette d'envoyer un signal depuis le cerveau », a souligné le dirigeant. « C'est le premier dispositif alimenté par notre interface neuronale sur le poignet. »

Monde post-smartphone

Le fondateur de Facebook a changé le nom du géant des réseaux sociaux en « Meta » fin 2021, pour signaler un pivot vers le métavers, sa vision du futur de l'internet et de l'informatique, où les mondes réels et virtuels se mélangeraient via des appareils de réalités augmentée et virtuelle (AR et VR).

Depuis, les casques de VR Quest se succèdent et les lunettes connectées Ray-Ban gagnent en capacités IA, mais le métavers n'a pas (encore) séduit le grand public. Et l'obsession de Mark Zuckerberg exaspère les investisseurs, car la branche Reality Labs de Meta perd plusieurs milliards de dollars tous les trimestres.

« L'emballement autour du métavers, c'est fini », a reconnu Vishal Shah, le vice-président de Meta chargé du métavers, lors d'une table ronde avec des journalistes mercredi. « Et j'en suis très heureux, car lorsqu'il y a tout un battage médiatique, il est difficile d'être à la hauteur de ces attentes », a-t-il continué.

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Le dirigeant a rappelé qu'il s'agissait d'investissements sur le long terme et expliqué qu'au-delà des technologies, ses équipes cherchent avant tout à recréer au mieux la sensation de présence d'un groupe de personnes, en leur absence physique, puisqu'il n'est pas toujours possible de se déplacer.

Même si les réunions à distance via des écrans ou des hologrammes « ne peuvent pas remplacer » les conversations face à face. Contrairement aux casques qui restent encombrants, les lunettes ont une chance d'être largement adoptées, estime Jeremy Goldman, du cabinet eMarkerter. Orion « représente le pari de Meta d'un monde post-smartphone », commente l'analyste.

Tout va dépendre selon lui de la capacité des lunettes à véritablement simplifier la vie quotidienne des utilisateurs, et aussi de leur prix. « Si Meta joue bien ses cartes, notamment avec l'intégration de l'IA en temps réel, ces lunettes pourraient devenir bien plus qu'un simple gadget tape-à-l'oeil », a-t-il ajouté