Composition du gouvernment Barnier, démission de Thierry Breton de la Commission européenne... Le directeur du planning stratégique et associé d’Artefact 3000 revient sur les grandes actualités de la semaine.

La composition du gouvernement de Michel Barnier, annoncée le 21 septembre.

Historiquement, En marche (EM) a été élu pour son positionnement de bloc du milieu. D’une certaine manière, il fallait avec ce nouveau gouvernement reconstituer un bloc central suffisamment fort pour ne pas être censuré à l’Assemblée nationale. Ce gouvernement, en plus d’avoir mis du temps à être annoncé, a une épée de Damoclès court-termiste au-dessus de la tête. Il a aussi de mauvaises nouvelles à faire passer puisqu’il s’agit de faire adopter une loi budget dans un contexte post-inflationniste, post-covid, où globalement la dépense publique est partie dans tous les sens. Ça s’annonce houleux.

Clara Chappaz, nouvelle secrétaire d’État chargée du Numérique.

Clara Chappaz est un super casting. Elle connaît très bien la French Tech, elle a été elle-même dans plusieurs start-up. S’il y a bien un bilan positif des mandats Macron c’est l’attractivité de la France : le travail sur la start-up nation, le « Choose France », sont des aspects de la politique présidentielle qui ont porté leurs fruits. Ça envoie aussi un message à l’international qu’on ait un ministère dédié au numérique. On a besoin de ça pour rester compétitif face aux États-Unis et à la Chine. Ça fait des années qu’on parle de souveraineté économique - on en a reparlé lors du covid - et si on ne veut pas louper le virage qu’est l’IA, c’est maintenant que ça se joue, avec notre licorne Mistral ou notre pépite Dust. On s’est souvent raconté que les technologies c’était la mythologie du « petit ticket d’entrée » : on se met dans un garage avec trois ordinateurs et on a une bonne idée. En fait, pour s’entraîner à grande échelle, l’IA a besoin de capitaux monumentaux. Et ces capitaux, il faut les lever dans un écosystème dynamique, avec une capacité à produire de la confiance à l’étranger.

La démission de Thierry Breton de la Commission européenne.

Thierry Breton avait la vision d’une Europe qui collabore et construit de la prospérité économique. Il était visible et il a parfaitement rempli son rôle à la Commission européenne. Il a défendu la souveraineté industrielle de l’Europe, en mettant des barbelés pour pas qu’on se fasse trop « piétiner » par la Chine et les États-Unis. Thierry Breton a fait partie de ces gens qui, de par son expérience internationale - surtout dans le domaine du numérique où on est dans un match de boxe sans arbitre - a su valoriser les savoir-faire européens. Car l’Europe est un marché mais c’est aussi une terre d’innovation. Et c’est un peu navrant de se dire qu’on a des cerveaux incroyables qui vont bosser aux États-Unis ou en Chine, au lieu de choisir l’Europe où le marché est plus petit et plus morcelé. Car le succès des États-Unis ou de la Chine, on a tendance à l’oublier, c’est leur marché intérieur qui permet de tester plus vite l’attraction potentielle et le modèle économique d’une idée. J’espère que son successeur, Stéphane Séjourné, mettra les impératifs économiques au même niveau que les impératifs diplomatiques.

« O1 », le nouveau modèle d’IA lancé par OpenAI et censé moins « halluciner ».

Les indices de performance de ce nouveau modèle se basent sur un protocole de tests qui est extrêmement rationnel (des QCM, des examens médicaux…). Cette question des hallucinations, qui est intrinsèque au modèle probabiliste des IA de langage, va un peu se réduire mais tout dépend de ce qu’on lui demande. Les hallucinations interviennent quand les questions sont imprécises ou sont trop ouvertes. J’espère qu’un jour on aura un outil capable de dire « pardon, je ne suis pas sûr de comprendre votre question » ou « je ne suis pas capable de vous répondre ». L’IA ne sera pas capable de tout.

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