Malgré les actions mises en place pour améliorer son bilan environnemental, le festival de la publicité peut mieux faire lors du démontage de l’événement. Visite guidée.

Cannes, samedi 22 juin 2024, 9 heures. Sur la Croisette déjà baignée de soleil et encombrée d’une file de semi-remorques, du personnel s’active pour démonter les plages. Elles ont, pendant toute la semaine des Cannes Lions, l’un des trois plus grands événements organisés par la ville avec le Festival de Cannes et le Mipim, accueilli 13 000 publicitaires du monde entier. Une activité intense règne aussi au palais des Festivals, l’épicentre de la manifestation. À l’extérieur du bâtiment, une armée de manutentionnaires se presse autour des bennes et des camions mis à disposition des exposants par Veolia, le prestataire du Palais pour le retraitement des déchets.

Partout, on ne voit que des employés qui jettent des matériaux indistinctement dans des bennes. Certes, un nouveau tri est effectué ultérieurement, mais la valorisation des déchets serait sans doute meilleure avec une sélection à la source plus efficace. Sur le côté du Palais, le long du port, il y a bien deux bennes, l’une pour le bois et l’autre pour le papier, mais elles sont encore étonnamment peu remplies. À l’intérieur du Palais, on se démène aussi pour vider les lieux. Le coton gratté, utilisé pour couvrir les piliers et les murs pendant l’événement, attend en tas sur le sol son évacuation. Les panneaux qui présentent les campagnes publicitaires pendant la compétition n’ont, eux, pas encore été démontés. Ces boards en PVC semblent voués à la décharge.

Des chiffres éloquents

« Nous n’avons pas la prétention d’être parfaits », reconnaît Bruno Desloques, directeur général du palais des Festivals, en avançant toutefois des chiffres éloquents. Lors de l’édition 2023 des Cannes Lions, 72 tonnes de déchets ont été transformées en énergie et 64 tonnes de matières premières ont été recyclées, le bois en panneaux de particules ou les moquettes en granulés plastiques. « Des morceaux de bois dans des poubelles de tout-venant, vous allez en trouver, mais c’est parce qu’ils sont pleins d’agrafes ou de vis », affirme le responsable, en mettant en avant l’obligation de composer des bennes les plus propres possibles sous peine de voir le centre de valorisation requalifier l’ensemble d’un contenant en tout-venant.

Le Palais prévoit l’installation fin 2025 d’un centre de tri, qui permettra de mieux compacter les cartons. Côté déchets alimentaires, le site a pris les choses en main en commandant un refroidisseur pour stocker les biodéchets. Des efforts restent à faire en matière de sobriété, reconnaît-on. Le groupe RX, qui organise le Mipim en mars, lui réclame de rénover les sols pour ne plus avoir à poser de moquette. « Mais avec 35 000 m2 de surface d’exposition, ça ne se fait pas jour au lendemain », tempère Bruno Desloques. Enfin, en matière de traitement des déchets, le Palais, qui affiche pour mission « d’accueillir durablement le monde », partage la responsabilité avec l’organisateur de la manifestation (pour les Cannes Lions, le groupe anglais Ascential) et l’ensemble des exposants. Les sujets d’écoconception, de réemploi des matériaux et plus largement de sobriété sont d’abord collectifs.