SUPPLÉMENT EVENT

Stéphane Abitbol, le nouveau président de Lévénement, salue une année riche, tant en termes de business que d’avancées sociales, avec notamment la finalisation d’une convention collective spécifique aux agences de communication événementielle.

Bon nombre d’acteurs redoutaient ces derniers mois que les Jeux olympiques bloquent l’activité événementielle. Qu’en est-il finalement ?

En dépit d’un petit black-out provoqué par les JO, accaparant les espaces et les ressources, humaines et techniques, 2024 devrait être une très bonne année. Les Jeux se déroulant pendant les vacances, période traditionnellement creuse dans notre univers, l’activité qu’ils ont générée est venue s’ajouter au business as usual pour près de 15 % des agences mobilisées par le Cojop ou par des partenaires. Pour le reste, le mois de juin a certes été perturbé par les préparatifs de Paris 2024, mais il a aussi enregistré une forte concentration d’événements, car les entreprises ont maintenu leur communication. Certaines ont même dû se résoudre à décaler leurs opérations au second semestre, faute de lieux et/ou de dates disponibles avant l’été. L’activité événementielle a donc été très soutenue indépendamment des JO.

Les crises en cours depuis plusieurs mois et années en France ainsi que dans le reste du monde – guerre en Ukraine, conflit israélo-palestinien, inflation, crise sociale… – n’ont-elles pas d’incidence ?

Jusqu’ici, aucune incidence globale et significative ! Tout a changé depuis le covid, qui nous a placés sur le devant de la scène. Le président de la République a dit de l’événement qu’il était un métier. Parallèlement, les mesures sanitaires nous ont obligés à nous adapter, à faire du distanciel, à écrire des contenus et à travailler sur de la stratégie. En nous obligeant à sortir des problématiques de production et de logistique, qui restent un vrai savoir-faire et une force de notre métier, cette séquence a définitivement changé la perception que nos clients avaient de nous. L’événement est devenu un sujet d’intérêt, un vrai métier à part entière, enseigné dans les écoles. L’avènement du télétravail, en éloignant les personnes (collaborateurs, clients, parties prenantes…), a également fait naître le besoin de créer du lien social, d’entretenir les relations en provoquant des rencontres, en les organisant pour en faire des moments qualitatifs. La grande force de notre métier est d’avoir toujours su s’adapter en faisant de chaque crise et de chaque innovation (digital, IA…) une opportunité pour évoluer.

Comment s’adapter aux enjeux climatiques et de décarbonation quand son activité est construite sur l’éphémère et qu’elle repose sur les déplacements de personnes, notamment en avion ?

On se remet en question, on innove, on compense, on recycle, on trie, on rationalise… On voyage autrement, parfois moins loin (et en train). On fait des activités plus responsables. On n’emmène plus une poignée d’invités à l’autre bout du monde pour lui présenter une nouvelle voiture. Notre filière événementielle est de celles qui ont probablement le plus vite intégré ces nouveaux enjeux dans leurs réflexions et dans leurs actions. La moitié des agences certifiées ISO 20121 dans le monde sont des agences françaises. Au-delà, la RSE est un élément central et crucial puisqu’elle représente de 5 % à 20 % de la note lors d’appels d’offres. Le gros sujet reste celui du transport, routier mais surtout aérien. D’abord, parce qu’il n’existe pas pour l’instant de solution alternative pour les personnes venant de loin. Ensuite, parce que notre seul moyen d’action est la compensation, qui n’est qu’un droit à polluer. Enfin, parce que certains de nos clients ont encore du mal à « acheter » cette compensation.

Comment pouvez-vous agir pour faire évoluer les mentalités ?

Il faut continuer à faire de la pédagogie, se donner les moyens de nos ambitions. C’est la raison pour laquelle nous avons lancé pendant l’été un simulateur carbone, qui permet à chacun de simuler l’impact carbone de son événement. Nous venons également d’éditer un guide carbone accessible à tout le monde. Parallèlement, nous travaillons au chantier de révision de la norme ISO 20121.

Quels sont les autres grands chantiers de Lévénement ?

Nous sommes en cours de finalisation de celui de la convention collective, initié en 2018. Jusqu’à présent, les agences de communication événementielle, parce qu’elles ont des origines différentes et font intervenir de nombreux métiers, pouvaient dépendre de neuf conventions différentes (Synpase, Syntec, spectacle vivant, publicité…). Après huit mois de négociations avec les partenaires sociaux, pour définir ensemble les quinze points essentiels (contrats, horaires, rythme de travail…), nous nous sommes tous accordés sur un texte constitutif de la « Convention collective des entreprises au service de la création et de l’événement ». Elle devrait entrer en vigueur d’ici à quelques mois, dès son extension par le ministère du Travail.

L’autre grand chantier est celui de l’attractivité de notre métier, qui souffre parfois de préjugés, sur la rémunération, le rythme de travail, la pénibilité… Il nous faut rétablir certaines vérités, notamment auprès des jeunes. C’est la raison pour laquelle nous avons publié il y a quelques mois une étude sur la rémunération. Celle-ci rappelle que, contrairement à l’idée reçue, l’emploi dans nos agences est plutôt bien, voire mieux rémunéré que dans d’autres secteurs de la communication. On y trouve beaucoup de CDI et les collaborateurs restent en moyenne de six à dix ans dans la même structure, preuve qu’il fait plutôt bon travailler chez nous ! L’événementiel est un métier de passion, dont la pratique nécessite parfois quelques aménagements du temps de travail. Mais il serait faux de croire qu’on y travaille plus. Chez nous comme partout ailleurs, les collaborateurs peuvent récupérer leurs heures.

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