Making-Of
L’association Médecins du monde, dans sa nouvelle campagne débarque avec l’ambition de faire rendre gorge à la mort elle-même. Issue d’un travail collaboratif entre DDB Paris et le réalisateur brésilien Felipe Vellas, elle joint la réalité à la fiction.

« Seul, tu iras vite. Unis, nous irons loin. » C’est par ce proverbe africain que débute le dernier spot de Médecins du monde réalisé par l’agence DDB Paris. Une plongée de trois minutes dans une zone de conflit, avec à la clef, une émotion palpable. «Sur un sujet important comme celui-ci, il nous fallait réussir à créer une sensibilité, peu importe la manière», déclare Alexis Benbehe, directeur de création chez DDB Paris. 

Intitulée «#ShutUpDeath» (Faire taire la mort), l’histoire présente un jeune médecin se rendant pour la première fois sur le terrain. On suit alors ses moments de bonheur, de doute et de partage. Attaqué par des fauteurs de trouble, il sera sauvé grâce à l’intervention d’une personne qu’il a formée. Pour répondre au mieux au brief, l’agence s’entoure d’un réalisateur primé de nombreuses fois dans les festivals, le Brésilien Felipe Vellas.

Une organisation innovante

Arrivés à Sao Paulo pour le tournage, les Français découvrent les équipes de la boîte de production de Felipe Vellas (Saïgon). Selon Pierre Mathonat, directeur de création chez DDB Paris: «Nous avons eu la chance de travailler avec des équipes qui étaient tous amis par ailleurs. Nous avons rarement ressenti une telle cohésion de production dans notre carrière.» Au départ, les deux créatifs ont l’idée de ne produire qu’un spot de 90 secondes, mais devant la densité des rushs, ils réajustent leurs objectifs.

«Felipe est arrivé avec le double des scènes prévues», avoue Alexis Benbehe. Les créatifs de l’agence précisent avoir créé un produit «d’organique», qui ne soit pas «validé par étape de manière classique», pour pouvoir jongler entre les souhaits des parties en temps réel.

De la responsabilité du créatif ?

«On ne voulait pas seulement d’une idée, d’un twist, d’un retournement de cerveau. Nous cherchions le réalisme, une véritable immersion dans ce quotidien sans toutefois tomber dans le misérabilisme», affirme Pierre Mathonat. Dans un pays qui compte 16 millions de très pauvres, les deux compères ont «la volonté de mettre en exergue le courage et l’investissement humain». Fait notable, hormis l’acteur principal, les figurants sont tous de vrais immigrés, parfois même des réfugiés, venant d’Haïti ou d’Amérique latine. Alexis Benbehe raconte: «Sur le tournage, on entendait énormément de langues comme le créole, le portugais, l’espagnol ou le français. Un véritable melting pot!»
Mais ce genre de projet n’est pas sans laisser de traces. Pour Alexis Benbehe: «C’est un des premiers sujets “grande cause” sur lequel je travaille. Je me suis questionné sur notre légitimité à aborder ce thème ayant nous-mêmes des vies paisibles» Néanmoins, il admet qu’«un créatif doit pouvoir travailler sur tous les sujets, même si cela ne peut être le fond de notre métier». Les deux hommes sortent bousculés mais fiers de cette aventure. «C’est un honneur d’avoir la responsabilité de porter ce message pour des personnes qui investissent leur vie dans leur combat», conclut Pierre Mathonat. À défaut de terrasser la grande faucheuse, le monde de la pub peut toujours produire des campagnes mortelles.

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