Vingt-huitième numéro de la chronique «Smart» sur les objets connectés. Cette semaine: la démonstration que les start-up n’ont pas le monopole de la capacité d’innovation.

Philips, il y a plusieurs années déjà, a décidé de diversifier son activité dans l'éclairage et propose aujourd'hui une gamme assez large, avec des produits au design respectable et des tentatives technologiques abouties. Dès 2010, on a vu apparaître des globes avec télécommande permettant de choisir, en plus de l'intensité, parmi des milliers de nuances de couleurs. Le produit a évolué et a fait place, récemment, au concept Hue.

 

Cette gamme s'appuie sur une ampoule que l'on peut brancher sur n'importe quelle lampe et un produit autonome, prêt à brancher, le Bloom, contenant un support et une ampoule. Ces deux produits contiennent des puces Wifi et ne peuvent être pilotés qu'à partir de smartphones. Bien entendu, il est possible d'en synchroniser plusieurs dans une même pièce, sur un même réseau Wifi, et de composer des ambiances visuelles à volonté.

 

Mais au-delà de l'aspect purement matériel, le succès de la gamme Hue repose sur l'exploitation intelligente de sa connexion à Internet, dont on devine au moins trois axes. Le premier, c'est l'ouverture de l'API: concrètement, cela veut dire qu'il existe une bonne dizaine d'applications pour smartphones permettant de faire plein de choses avec vos lampes connectées: comme les faire réagir à la musique ambiante, composer vos propres séquences animées, programmer des horaires spécifiques, etc.

 

Plus impressionnant que les applications mobiles, le fait que le système Hue soit à présent intégré sur IFTTT, ce superbe automate Internet. Cela permet de se voir signifier tous les événements Web ou non au travers de vos lampes: par exemple, vos Hue peuvent clignoter 5 secondes à la réception d'un mail ou quand Banksy poste un nouveau contenu sur Instagram, s'allumer au coucher du soleil, s'intensifier quand la pluie s'annonce, devenir bleues quand on vient de vous retweeter ou que votre petit(e) ami(e) vient de vous envoyer un SMS. Tout est possible donc.

 

Le second axe, c'est la communauté autour de l'application de la marque, en ligne et sur mobile: il est possible de concevoir ses propres tableaux de lumières et de les partager. Vous pouvez vous balader au milieu de centaines de contributions et les télécharger dans votre espace d'un clic, les appliquer à votre propre dispositif Hue d'un autre clic.

 

Le troisième axe - une sorte de consécration -, c'est l'intégration native du contrôle Hue dans IOS 8. On trouve en effet dans les bêta de la prochaine mouture logicielle des Iphone et Ipad des traces d'un deal fort entre Apple et Philips.

 

Etre le premier à proposer un produit utile et beau, avoir deux générations d'avance sur l'ombre du premier concurrent, s'appuyer sur une communauté qui participe effectivement à la démarche, ouvrir son système à la créativité des fans-développeurs et réussir le pari de l'intégrer dans l'un des OS pour smartphone et tablette dominant, voilà une success story connectée qui rappelle que les start-up n'ont pas le monopole de la capacité d'innovation.

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