Deep learning
Le Français Yann Le Cun est à la tête du Fair, laboratoire spécialisé dans l'intelligence artificielle du réseau social présent à Paris, New York et Menlo Park.

«Demain, une machine sera capable de traduire un texte aussi bien qu'un humain, et avec du style. Elle n'aura peut-être pas le génie littéraire d’un Charles Baudelaire qui traduit un Edgar Allan Poe... mais aura du style tout de même. Aujourd'hui, les outils de traduction automatique fonctionnent assez bien pour être utiles, toutefois ils font encore des erreurs. Cela ne devrait pas durer car les progrès dans ce domaine sont fulgurants. Comme l’objectif de Facebook est de connecter les gens, au-delà des barrières culturelles et de la langue, la traduction est absolument essentielle. Début juin, nous avons présenté Deep Text, un système spécialisé dans la lecture intelligente, capable d'identifier le sujet principal et cela à toute vitesse, puisqu'il analyse des milliers de textes par seconde, dans plus de vingt langues différentes.
Au sein du laboratoire Fair (Facebook AI Research), nous travaillons principalement sur la reconnaissance du langage et des images. Il s'agit d'effectuer de la recherche fondamentale, sans nous occuper des applications concrètes qui pourraient en découler pour Facebook. Ça, c'est la mission d'une autre entité de Facebook, le groupe AML (Applied machine learning), plus orienté développement que recherche: il transforme nos travaux en produits ou en applications.
Ensemble, nous avons par exemple mis au point un service à destination des non-voyants: aujourd'hui lorsqu'une personne se promène sur Facebook et tombe sur une photo, ce système décrit l'image. Dans les prochains mois, il y aura une évolution importante puisque notre outil permettra à un aveugle qui déplace son doigt sur un écran tactile d'entrer dans le détail de l'image. Notre système décrira les personnages, les paysages, en précisant leur emplacement.

Pertinence

À nos yeux, l’intelligence artificielle doit servir à rendre l’information toujours plus accessible sur Facebook. Chaque jour, la plateforme offre entre 2 000 et 3 000 contenus différents (texte, photo, vidéo, son) à chacun de ses membres mais personne n’a assez de temps pour en prendre connaissance. C’est là que doivent aussi intervenir les systèmes intelligents de Facebook: sélectionner 100 à 150 contenus pertinents pour chaque utilisateur. Afin de réussir ce pari, il faut que la machine analyse et comprenne chaque type d'information et puisse la mettre en relation avec les centres d’intérêt d’un individu. Ce sont ces technologies qui attirent et fidélisent les internautes. 
À quoi ressemblera Facebook dans dix ans? Il y a trois principaux axes de recherche: l’intelligence artificielle, la réalité virtuelle et les technologies de télécommunication. Si Facebook se comporte encore comme une start-up aujourd’hui, dans les prochaines années l’entreprise va vraiment passer à l’âge adulte. L’ouverture de laboratoires de recherche en est la preuve. Cela signifie qu’elle se projette et réfléchit à son avenir et à ses choix stratégiques pour les dix ou vingt prochaines années.»

ensemble

Le prof

Yann Le Cun, professeur à l'université de New York depuis 2003, a rejoint Facebook en 2013 en tant que directeur du laboratoire d'intelligence artificielle (IA) réparti sur trois sites: Menlo Park, New York et Paris. Ce Français, diplômé de l’École supérieure d’ingénieurs en électronique et électrotechnique de Paris et de l’Université Pierre et Marie Curie, a mené des recherches principalement sur l'intelligence artificielle, le machine learning et la robotique. Il est l'un des chefs de file du deep learning (apprentissage profond) qui depuis quelques années a révolutionné l'IA, notamment la reconnaissance visuelle et vocale et le traitement du langage naturel.

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