Étude
L'agence de prospective sort la quinzième édition de son cahier de tendances Futur(s). En exclusivité, Stratégies détaille trois des huit «macrodynamiques» qui animeront la société dans les prochains mois.

Le Beaujolais nouveau version 2015 est arrivé. Le cahier de tendances Peclers aussi. Futur(s), quinzième du nom, sort le 19 novembre. Cette année, le cabinet a cherché à faire évoluer sa formule, notamment pour faire vivre durant l’année les concepts qu’elle élabore. «Nous nous rendons compte que la société est de plus en plus dynamique. Le cahier de tendances, qui est une base de réflexion pour les entreprises, le prend désormais en compte et vivra tout au long de l’année», explique Emma Fric, la responsable de Futur(s). Si la pléthore de «signaux» émergents sont toujours là, les tendances volontairement positives et humanistes se matérialisent en huit «macrodynamiques», formalisation des volontés humaines, qui se déclinent ensuite en comportements. «Cette année, nous avons relevé que la population était animée d’une volonté d’action, continue Emma Fric. Si en 2014, le public cherchait avant tout à retrouver confiance, il se pose désormais en acteur, de manière beaucoup plus concrète.» Les tendances s’articulent donc autour de «célébrer sa singularité», «s’adonner à l’indulgence», «réhumaniser la valeur», «recréer le vivre ensemble», «se mobiliser pour la planète», «capturer l’attention», «réenchanter la matérialité» et «vivre avec les machines». Analyse de trois d'entre elles.

 

1. Recréer le vivre ensemble

Même si le contexte politique extrémiste peut paraître parfois défavorable, le repli sur soi n’est pas l’apanage de tout le monde. «Les mobilisations du 11 janvier 2015 ont aussi été surprenantes par leur dimension internationale», analyse Emma Fric. Derrière les différences, la volonté de s’unir? L’ouverture aux autres et autres modes de vie amène à créer les conditions du vivre ensemble. «On sent l’envie de repenser les conditions du débat, de se jouer des clichés qu’on peut avoir sur l’autre, de sortir d’une vision monothéiste de l’individu», continue-t-elle. Cela amène à réfléchir sur le mariage que l’on peut faire des cultures comme avec Hana Tajima pour Uniqlo et sa campagne avec des femmes voilées, sur l’effort pour se mettre à la place de l’autre, qui se voit beaucoup en alimentaire, et sortir d’une vision purement occidentale. «On remarque à quel point des designers se tournent dans leur travaux vers une redéfinition de la démocratie», ajoute Emma Fric.

 

2. Ré-humaniser la valeur

Un peu comme à la fin des années soixante, une partie de la population cherche à questionner les limites imposées par le monde actuel, considérant que la valeur de l’homme se perd au profit de sa production. «On voit de plus en plus de projets s’interroger sur cette notion. Tenter de créer un nouvel écosystème, redéfinir le terme d’échange, repenser l’arbitrage en fonction d’intérêts différents», analyse Emma Fric. La notion de «contribution» prend une toute autre dimension. Parlons par exemple de la start-up Ooshot pour les photographes qui dépasse l’ubérisation et la simple plate-forme de mise en contact en gèrant aussi leurs droits d’auteurs ou en proposant d’autres services. Autre exemple: Credibles qui réinvente l’appel à projets et la levée de fonds participative. Toutes ces notions donnent aux marques l’occasion de réinventer leur relation client, la fidélisation, leurs promotions… Basées sur des relations plus humaines.

 

3. Vivre avec les machines

Si le cahier Futur(s) 2014 mettait l’accent sur l’empathie avec la science, celui de 2015 va encore plus loin en parlant «d’intimité» avec la machine. «Notre nouveau mode de vie ne fait pas que rendre la machine omniprésente, mais nous amène à vivre en symbiose avec les technologies. Au-delà de la simple imitation de l’homme, elle s’immisce au cœur de notre quotidien voire de notre corps. L’objectif devient de vivre en “co-intelligence”, observe Emma Fric. Les technologies se rapprochent de gestes simples, comme la poignée de main connectée, développe de nouvelles formes de mobilité, s’insère dans nos habitudes. «Le monde nous amène à finalement penser une forme d’intimité avec la machine, à repenser l’interface», ajoute la spécialiste. L’exploitation de la data aide à penser ces nouveaux schémas. Mais attention, cela demande de garder à l’esprit la notion de confiance en la technologie et de développer des intelligences avant tout éthiques. 

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