Étude
C’est une première : un patron, son directeur de la communication et son directeur des relations presse, sont arrivés, chacun dans leur catégorie, en tête du classement de VcomV Sphère publique, établi à partir des témoignages de 180 journalistes.

En quatorze ans d’étude, c’est du jamais vu. Selon le dernier cru de l’étude bisannuelle « VcomV Sphère publique », menée après des entretiens en face-à-face auprès de 180 journalistes français et anglo-saxons, c’est un trio composé du patron, de son dircom et du directeur des relations presse qui arrive en tête de classement, chacun dans leur catégorie. L’heureux trio est composé de Patrice Caine, PDG de Thales, de Matt Pothecary, son directeur de la communication, et de Cédric Leurquin, qui dirige les relations presse de l’entreprise. « Un hasard, explique Vincent de La Vaissière, auteur de l’étude, mais ils ont en commun d’avoir un profil moderne, efficace et digital ». C’est aussi la preuve que la stabilité, à l’heure où l’on ne jure que par la mobilité, est un gage de succès.

Une capacité d'entraînement « hors norme »

Patrice Caine, d’abord, est un PDG ancien dans son groupe – il y est depuis 2002 – qui n’a rien d’un patron à l’ancienne. À 48 ans, il apparaît comme un jeune dirigeant, rompu aux stratégies numériques et pensant son entreprise comme un Gafa. « Des témoignages évoquent une capacité d’entraînement hors norme », souligne Vincent de La Vaissière. Il est aussi reconnu pour son rachat de Gemalto, pour avoir investi 1,5 milliard d’euros en trois ans dans des entreprises digitales et pour ses performances économiques et financières, avec un cours de bourse qui a plus que doublé depuis 2015.

Le directeur de la communication, Matt Pothecary, de nationalité britannique, a rejoint, lui, Thales en 2000, en tant qu’attaché de presse. C’est lui qui a été chercher il y a quatre ans Cédric Leurquin chez Air France-KLM. « Un directeur des relations presse formé à l’école Jean-Charles Tréhan [ex-dircom de la compagnie aérienne] avant que celui-ci ne rejoigne LVMH », commente Vincent de La Vaissière.

Lanceurs d'alerte institutionnels

Les autres patrons, en tête du classement, affichent tous des profils vertueux. On y retrouve Nicolas Dufourcq (BPI), animateur de l’écosystème digital français, les démineurs de conflits Philippe Wahl, à La Poste – qui se concentre sur la communication interne en se rendant une journée par semaine dans un territoire - ou Jean-Marc Janaillac, à Air France-KLM (l’étude ayant été réalisée du 1er septembre au 28 février) et enfin les régulateurs Didier Migaud à la Cour de comptes et Pierre-Franck Chenet, à l’Autorité de sûreté nucléaire, qui pointent respectivement à la quatrième et cinquième place. Des « lanceurs d’alerte institutionnels » qui n’écrasent pas de leur poids leur institution, dénoncent les dérives des comptes publics ou font arrêter 20 réacteurs sur 58 car ils jugent la situation des centrales nucléaires en France préoccupante. À noter que l’Arcep de Sébastien Soriano fait aussi partie des bons élèves, au même titre que Guillaume Faury (Airbus) ou Stéphane Israël (Ariane Espace).

Parmi les points noirs, ces « boîtes à chagrin » que sont, selon Vincent de La Vaissière, France Télévisions, EDF ou la SNCF. Leurs dirigeants se retrouvent confrontés aux difficultés inhérentes aux entreprises publiques : multiplicité des autorités de tutelle, adaptation délicate à la concurrence, réseaux vieillissants… Et la stabilité des équipes comme des contrats d’objectifs et de moyens ne sont pas toujours au rendez-vous.

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