Ils se sont connus sur les bancs de l'Ipag. Vingt ans plus tard, les voilà à nouveau réunis chez Publicis. Quand Arthur Sadoun, président de Publicis France, s'est mis en quête d'un patron capable d'accélérer le développement du digital au sein du groupe, Charles Georges-Picot, président de Marcel, a tout naturellement pensé à son ancien comparse de l'école de commerce du boulevard Saint-Germain, Jean-Guy Saulou. Nommé en mai dernier au poste nouvellement créé de directeur exécutif digital de Publicis France, ce féru d'informatique de 39 ans a de fait du répondant côté CV.
Entré, fraîchement diplômé, comme chargé du développement commercial de l'agence de design Cent degrés ("les SSII ne s'intéressaient pas aux contenus", dit-il), il joue, avec deux ou trois autres geeks avant l'heure au pionnier du digital avec la création des premiers sites de marques (Chanel, Brasseries Fisher...). "Cinq ans plus tard, nous étions vingt-cinq au pôle digital", se souvient-il. Mais avant que la bulle du Web n'explose, il pressent que l'avenir est aux offres associant davantage digital et business. "A l'époque, des profils comme le mien ne couraient pas les rues, le contact avec Fullsix s'est fait rapidement."
"Savoir écouter et s'adapter"
L'agence, qui est alors en train de conclure son "spin off" d'avec Grey (WPP), le recrute comme consultant senior. En une dizaine d'années, il gravit tous les échelons jusqu'à la direction générale en 2012. "J'avais à l'époque un mode de management disons plutôt paternaliste. J'avais personnellement recruté la plupart des membres de mon équipe", note Jean-Guy Saulou pour qui sa façon d'appliquer un modèle commercial à son management vient de son expérience chez Fullsix: "pour ses clients comme pour ses collaborateurs, il faut savoir écouter, s'adapter à son audience".
Si l'aventure Fullsix a pris fin, ce n'est pas pour des raisons de mésentente, assure cet adepte du consensus, mais plutôt par lassitude: "Au bout de dix ans, l'agence, comme les managers, avait besoin d'une nouvelle dynamique, d'un nouveau départ." Ce sera donc chez Publicis. Le contexte n'est clairement pas le même. D'une agence de quelque 160 personnes, Jean-Guy Saulou passe à un groupe de plus de 1 200 collaborateurs. Et de la gestion d'un pure player, le voilà confronté à une logique d'intégration du digital au sein de sociétés historiquement publicitaires comme Publicis Conseil, Marcel, Publicis Dialog et 133, exception faite de Modem.
Un pari d'autant plus ardu que sa fonction est transversale. "Je n'ai aucune équipe opérationnelle sous ma responsabilité directe, je travaille en support avec les patrons d'agences", explique-t-il. Sa mission est double. "D'abord verticale. Je dois développer les expertises digitales du groupe (e-commerce, e-CRM, data...) et amener nos talents en interne, comme nos clients, au niveau des meilleures pratiques du marché", déclare Jean-Guy Saulou pour qui "60% de la communication digitale, c'est de la technologie". Cette évangélisation ne passera pas par des "workshops". "Je mise plutôt sur le travail par l'exemple", avance le directeur exécutif qui planche déjà sur L'Oréal et Nestlé.
Car le groupe lui a également assigné une autre mission, plus horizontale, d'intégration du digital. "Je vais constituer des équipes en fonction des clients. Mon travail est de trouver les compétences au sein du groupe et elles ne manquent pas. Plus de 400 personnes font du digital ici, mais elles ne sont pas forcément identifiées comme tel en interne, comme à l'externe d'ailleurs. Sans compter l'appui de nos réseaux internationaux tels Rosetta, Zenith-Optimedia, Razorfish ou Prodigious [entité de production de Digitas]". Un manager volant en somme...
(encadré)
Son parcours en bref
1974. Naissance à Champigny-sur-Marne.
1994. Diplômé de l'Ipag.
1995. Chargé du développement commercial de l'agence Cent degrés.
2001. Consultant senior chez Fullsix.
2010. Directeur général adjoint de Fullsix.
2012. Directeur général de Fullsix.
2013. Directeur exécutif digital de Publicis France.
