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Pointée par une étude du ministère du Travail comme l'une des sociétés les moins actives en matière de lutte contre les risques psychosociaux, Wolters Kluwer France est l’objet d’une expertise sur la souffrance au travail.

Un jour, l'infirmière a craqué. Il lui était déjà arrivé de recevoir jusqu'à 26 salariés de Wolters Kluwer France en un seul matin. Jusqu'à cette matinée, à l'infirmerie, où elle avait failli passer à côté d'un salarié en plein malaise cardiaque alors qu'un autre s'épanchait auprès d'elle sur ses problèmes de travail… «Aujourd'hui, l'infirmière reçoit 300 visites par mois, sur près de 1200 salariés! Cela nous a fortement alertés», explique Catherine Idée-Rosier, secrétaire du Comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT). Le 12 juin, le CHSCT a demandé une expertise pour «risque grave» sur la souffrance au travail. Dans le même temps, dans une étude publiée le 18 février par le ministère du Travail sur le site travailler-mieux.gouv.fr, Wolters Kluwer figurait parmi les cancres en matière de lutte contre les risques psychosociaux.

Sentiment d'abandon

Mais que se passe-t-il chez Wolters Kluwer? Les délégués syndicaux évoquent «de constantes réorganisations» qui laissent les salariés totalement déboussolés. Les départs non remplacés, dans le cadre du Plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) en cours depuis le 2 juin 2009, qui prévoit la suppression de 111 postes (184 emplois supprimés et 73 créés), causent une surcharge de travail pour ceux qui restent.

De plus, la fusion de 2007, qui a regroupé la totalité des entreprises du groupe (Éditions Lamy, le groupe de presse Liaisons, etc.) en une seule entité dont le siège social est à Amsterdam a laissé des traces. «Nous étions des PME nationales qui fonctionnaient bien», rappelle Catherine Idée-Rosier. «Lorsque nous sommes entrés dans un groupe international, les notions corporate n'ont pas été bien comprises.»

Le 5 septembre 2008, le tribunal de grande instance de Nanterre avait jugé illicites les critères d'évaluation des salariés, d'inspiration anglo-saxonne, mis en place par Wolters Kluwer France. Le déménagement des sociétés du groupe vers le site de Rueil-Malmaison, en 2007, reste un traumatisme: «Les salariés ont un sentiment d'abandon et d'isolement», note Catherine Idée-Rosier.

L'expert chargé de l'étude sur le stress au travail devrait rendre un rapport d'étape à la mi-mars. Les premières conclusions font état «d'un malaise général, y compris chez les managers», précise la secrétaire du CHSCT, et de l'«absence de vision des salariés sur leur travail actuel ou futur». À la direction de WKF, on se dit «conscient du stress que génère chez les collaborateurs la nouvelle organisation» et prêt «à faire en sorte que le stress diminue».

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