Dossier Audience
Médiamétrie fait évoluer sa mesure d’audience pour s’adapter aux nouveaux usages du public, mais pas encore à ceux du marché publicitaire.

«Le projet en est au stade du concept», soulignait la directrice des analyses et méthodes scientifiques de Médiamétrie, Aurélie Vanheuverzwyn, le 7 décembre dernier. La société d’études espère lancer dès 2020 une plate-forme globale de mesure d’audience TV et internet, en mélangeant panels et datas. Cette évolution vise à s’adapter aux nouveaux usages, avec «l’internet majoritairement mobile, une fragmentation des audiences – 16 chaînes faisant 80% de l’audience en 2016, contre 5 en 2005 – et une montée en puissance du délinéaire, qui devrait concerner 25% des 15-25 ans en 2020» détaillait Benoît Cassaigne, le directeur exécutif des mesures d'audience.

Puissance réelle des programmes

En attendant, la société d’études a déjà lancé en 2016 sa mesure d’audience quatre écrans. Une approche nécessaire, sachant que 5,5 millions de foyers français étaient déjà équipés en TV-ordinateur-smartphone-tablette et 3,1 millions d’individus de 15 ans et plus regardaient la télévision en live ou en rattrapage sur un autre écran que le téléviseur chaque jour. «La mesure donne le détail par programme, écran et mode de réception, que nous livrons au quotidien vers 11heures depuis avril 2016 aux chaînes et depuis fin septembre à l’ensemble du marché, indique Julien Rosanvallon, directeur TV & internet de Médiamétrie. Et les groupes audiovisuels sont informés une fois par mois sur l’apport en couverture, le ciblage, etc., fournis par internet.»  Le Médiamat consolidé est jugé utile car il donne «des indications sur la puissance réelle des programmes, qui peuvent gagner jusqu’à 20% d’audience à J+7», se réjouit Guillaume Charles, directeur général adjoint de M6 Publicité. Ainsi, avec la catch-up, Le Meilleur Pâtissier a attiré jusqu’à 4 millions de téléspectateurs, dont 3,3 millions en live. Du côté de TF1, Le Secret d'Elise, suivi par 6 millions de téléspectateurs en moyenne en 2016, en compte 1,5 million de plus par épisode en replay.

Les acteurs du web opposés au GRP vidéo

Mais ces données ne servent pas pour le médiaplanning publicitaire. Pour Julien Rosanvallon, «c’est une question de convention. Ce sera possible pour l’audience en live courant 2017, mais pour le délinéarisé, ce sera plus compliqué.» Tout simplement parce que les régies commercialisent séparément et en optimisant la valeur des espaces publicitaires. Mais également «parce que la granularité des données n’est pas encore suffisante, estime Guillaume Charles. Ce qui devrait changer cette année.» Il n’en reste pas moins que «la publicité en télévision se vend au GRP alors qu’elle se vend au CPM sur le digital», poursuit le responsable de M6 Publicité. Si beaucoup ont poussé à l’adoption d’un GRP vidéo, qui prendrait en compte la durée de la publicité vue par l’internaute, «les principaux acteurs du web, notamment américains s’y opposent», pointe-il.  Et la situation ne devrait pas changer avant longtemps.

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