Etudes
91% des Français ne se retrouvent pas dans le physique des magazines de mode. A juste titre.

Poitrines en apesanteur, lèvres ourlées jusqu'à l'explosion, fronts si lisses qu'ils paraissent pris dans le givre... De la télé-réalité aux dossiers «rajeunir» de la presse féminine, les physiques gonflés, corrigés, rabotés deviennent une sorte de norme. Beautés ou monstruosités? Ces physiques retravaillés provoquent, semble-t-il, le rejet: 91% des Français ne se retrouvent pas dans les créatures de papier glacé, selon une étude d'Opinion Way réalisée les 16 et 17 avril auprès de 1016 personnes pour Slendertone, société spécialisée dans la conception d'appareils d'électrostimulation musculaire. 57% estiment que les corps des magazines sont trop parfaits, 42% jugent que ces modèles n'existent que sur les magazines, 23% pensent que les seins et les fesses des femmes y sont retouchés, et 21%, que les visages sont sans expression. «Les magazines montrent des beautés hiératiques, de plus en plus éloignées du monde réel et du vivant», constate Ronan Chastellier, sociologue qui s'est, explique-t-il, «interrogé sur les modes de fabrication de l'inauthentique».

Corps construit

Les hommes se montrent les plus sévères envers les artifices chirurgicaux: 39 % abhorrent le Botox, 29% sont rebutés par les liftings et 22% fuient devant les implants mammaires. Un rien Tartuffe, ces messieurs? «Une phobie nouvelle se fait jour, qui tient du réflexe contre l'antinaturel, l'illusionnisme, la célébration du faux. Les hommes âgés sont les plus rétifs», analyse Ronan Chastellier. Pourtant, les Nabilla tatouées, platinées et siliconées de programmes comme Les Anges de la télé-réalité font figure de fantasme chez nombre de jeunes gens, et de modèles pour des cohortes de jouvencelles. «Les plus jeunes se placent dans un travail de construction du corps, que l'on peut peinturlurer, piercer...», reconnaît Ronan Chastellier.

Globalement, si les hommes semblent «en attente de vraies femmes, avec des défauts», selon le sociologue, les femmes continuent quant à elles à être prises dans une tension, «une préoccupation obsédante vis-à-vis de parties du corps»: 57% ont honte de leur ventre, 17% n'aiment pas leurs fesses, 9% ne supportent pas leurs rides, et 8% sont complexées par leurs bras. «Le corps est autant vécu d'un point de vue cosmétique que social. Mais les lectrices attendent du naturel amélioré, pas du naturel trafiqué», explique Ronan Chastellier. Voire du naturel tout court? En revendiquant une beauté sans retouches et sans fards, Dove remportait, l'an passé, un Grand prix aux Cannes Lions l'an dernier.

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