58% des Français pensent qu'elle a un impact négatif.

Quelque 300 réfugiés qui trouvent la mort après un naufrage en tentant de gagner l'Union européenne, un président de la Commission, José Manuel Barroso, sifflé devant les caméras à Lampedusa (Italie), la circulation des Roms à l'intérieur de l'espace Schengen en débat, un parti antieuropéen qui sort gagnant d'une élection cantonale à Brignoles... Il ne se passe pas un jour sans que l'Union européenne ne se retrouve sur le banc des accusés d'une majorité de Français. Pour 58%, selon un sondage CSA réalisé pour le média en ligne Terrafemina les 3 et 4 septembre, l'Union a un impact négatif sur la France, seuls 19% estimant qu'elle a au contraire un impact positif (9% aucun). De même, 52% souhaitent moins d'Europe à l'avenir, 17% davantage et 18% préféreraient que rien ne change.

«C'est un phénomène assez fréquent depuis 2005 et le traité sur la constitution, relève Nicolas Fert, chargé d'études senior à l'institut CSA, une grosse moitié des Français est convaincue que l'Union européenne a un impact négatif.» La peur du plombier polonais, nourrie par l'incapacité de Bruxelles à protéger les salariés français des délocalisations et du chômage, n'est jamais très loin. Même lorsque l'on interroge nos concitoyens sur la traduction dans leur vie personnelle de cette appartenance européenne, près d'un sur deux estime que cet impact est négatif (49%) et seulement 24% que l'UE n'a pas d'impact à cette aune.

 

Manque d'information sur l'UE

Si les plus rétifs sont sans surprise les moins diplômés, les catégories populaires, comme les ouvriers (65%) et, sur le plan politique, les électeurs du Front de gauche (81%) et du Front national (88%), le «cœur de la défiance», d'après Nicolas Fert, vient de la population active âgée de 35 à 64 ans, qui estime à 66% que l'Europe a un impact négatif. Ennuyeux pour cette construction politique en mouvement que reste l'UE!

Parmi les jugements qui sont exprimés pour évoquer la perception de l'Europe, cette classe d'âge intermédiaire cite en premier lieu la perte de pouvoir d'achat, qui n'arrive pourtant au global qu'en deuxième position (21%), derrière la liberté de circulation des biens et des personnes (23%), qui elle touche mieux les jeunes et les personnes âgées. A noter, aussi, que le facteur «une paix durable avec nos voisins» (14%) n'arrive qu'en quatrième position derrière les «lourdeurs administratives» (16%). «La paix ressort beaucoup moins nettement si l'on excepte les personnes âgées, souligne l'expert, c'est un acquis en termes d'image qui s'est érodé.»

Faut-il imputer, comme le fait souvent Bruxelles, cette opinion défavorable à une mauvaise information sur l'UE? 76% des répondants déclarent qu'ils ne sont pas bien informés. «On peut se dire qu'il y a une marge de progression mais ceux qui ne sont pas désireux de s'informer ne vont pas le faire», observe Nicolas Fert. Même l'égalité en faveur des femmes ne progresse avec l'UE qu'aux yeux de 20% de Français. «Le brouillage est tellement marqué que la parole de l'Union est remise en cause quel que soit le domaine», conclut le sondeur.

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