Tribune
Le cas de la fausse lettre du CEO de BlackRock n'est que le dernier exemple en date de manipulation de l'information dans le secteur financier. Pour s'en prémunir, une diffusion multicanale est à privilégier.

Le 16 janvier 2019, l’un des hommes-clés de Wall Street a été la victime d’un hoax. À quelques jours de la parution officielle de la lettre annuelle du CEO de BlackRock, Larry Finck, un faux e-mail et un faux mini-site, très similaires à ceux publiés par le plus important gestionnaire d'actifs au monde, ont été publiés. Il semblait y être annoncé un virage de l’entreprise vers un engagement pour le climat sans précédent. Dupés, plusieurs journalistes, notamment au Financial Times et de CNBC.com, ont été contraints de modifier leurs publications prenant conscience du hoax.

Le jour-même à 14h31, BlackRock a démenti cette fausse lettre annuelle dans un tweet publié via son compte officiel sur Twitter. «Don't be fooled by imitations... Larry's real CEO letter coming soon» (Ne vous faites pas avoir par des imitations. La vraie lettre du PDG Larry Finck arrive bientôt).

Le constat est simple ; il se passe quelque chose de grave dans l’information des grandes entreprises du secteur de la finance : l’accélération du rythme de l’information. Et la technologie en est en grande partie responsable. Aujourd’hui, l’environnement de l’information corporate et financière devient technologique, très volatile et très difficile à maîtriser et mesurer.

La réputation des médias en jeu

La confiance dans l’information est un enjeu de taille pour les médias, qui n’ont qu’une hantise : diffuser une fausse information, car leur réputation en dépend. Le flux d’information reçu par les journalistes est beaucoup plus important qu’auparavant, et la paupérisation de leur métier se fait sentir. De plus en plus de desks, de moins en moins d’équipes spécialisées.

Dans le cas BlackRock, tout journaliste, aussi talentueux soit-il, ne dispose pas du numéro de téléphone de Larry Finck, CEO de BlackRock, pour vérifier en quelques secondes si sa lettre annuelle est bien réelle. Un défaut d’attention sur l’adresse e-mail émettrice, et c’est une fausse information qui se retrouve en une.

Le 22 novembre 2016, Vinci subissait un flash crash avec une baisse du titre de plus de 18% en raison d’un faux communiqué. Le domaine corporate est extrêmement attirant pour les hackeurs et créateurs de fake news, car les enjeux financiers y sont énormes. L’accélération du temps des marchés et la caisse de résonance des médias sociaux amplifient encore leurs effets.

Privilégier une diffusion multicanale

Une manière de se préparer est de toujours privilégier une diffusion multicanale de l’information. Il est toujours plus difficile de hacker 8 ou 10 canaux officiels (emails, newsrooms, sites corporate, comptes sociaux...) qu’un seul ou même deux ou trois. Ces différents canaux permettent de vérifier l’authenticité de l’émetteur. Les contacts téléphoniques et toutes autres sources fiables ne doivent pas non plus être négligés.

D’autres éléments techniques peuvent aussi éveiller les suspicions chez les journalistes : l’absence de certificat e-mail de l’émetteur, ou du site corporate concerné. Dans un contexte bouleversé par la technologie, la confiance relative à l’information corporate et financière devient la priorité numéro un pour les professionnels de l’information, qu’ils en soient les émetteurs ou les destinataires comme les médias, les analystes et les investisseurs.

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