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En mai prochain, le règlement européen sur la protection des données [RGPD] entrera en vigueur dans l'ensemble de l'Union européenne. Il a pour but, notamment, de « redonner aux citoyens le contrôle de leurs données personnelles ».

S’adressant aux organisations et sociétés qui collectent, traitent et stockent des données à caractère personnel des résidents européens, le RGPD harmonise et renforce les droits de protection sur la donnée à caractère personnel. Le secteur de la communication croule sous les réglementations, c’est un fait. Si cette inclination réglementaire des pouvoirs publics est souvent décriée par des acteurs qui y préfèrent le concept d’autorégulation, il nous revient de ne pas nous tromper de combat !

Le nouveau règlement européen sur la protection de la donnée à caractère personnel, le RGPD, qui entrera en vigueur le 25 mai 2018, est une chance. Il intervient dans un contexte économique et règlementaire particulier qui a parfois laissé le champ à l’installation de pratiques qui ont impacté la confiance dans l’économie numérique. Une remise à plat des règles du jeu s’avère plus que jamais nécessaire. L’hyper-connectivité de nos sociétés a accéléré la production en masse de données. Pour la 1re fois en France, le média internet dépasse le média TV. En moyenne, nous passons 4 heures par jour sur des écrans, et cela laisse des traces. Traces de différentes natures. Si certaines permettent une identification directe, à l’instar du nom, du prénom, ou encore de l’adresse, d’autres, via les « ID devices », participent à identifier nos centres d’intérêts ou le dernier achat réalisé en ligne, par exemple ; voire, elles peuvent, à l’aide d’algorithmes de plus en plus performants, prévoir nos futurs comportements. Ces données à caractère personnel sont au cœur de l’écosystème numérique, avec un enjeu de taille, celui de leur monétisation.

Un contexte générateur de défiance

L’exercice exige de se poser la question, avec pragmatisme et responsabilité, de leurs conditions de recueil et d’exploitation. Cette économie ne peut prospérer que sur la confiance des utilisateurs et consommateurs. Le contexte semble pourtant, à l’heure actuelle, d’abord générateur de défiance : des études chiffrent à 80 % la part de Français, et même 88 % des internautes américains, craignant un vol ou un détournement de leurs données. Certains exemples, retentissants, leur donnent raison. En 2013, Yahoo ne s’était-il pas fait dérober pas moins de 1 milliard de comptes utilisateurs (nom, prénom, mot de passe) ? Quand, il y a seulement quelques mois, une cyberattaque affectait des dizaines de milliers d’ordinateurs dans une centaine de pays, et n’épargnait au passage ni un grand constructeur automobile français, ni le système de santé anglais, ni le ministère de l’Intérieur en Russie. Si l’on ajoute à cela l’affaire Snowden, qui révéla, notamment, l’espionnage en masse des citoyens américains… Autant dire qu’il y a urgence ! Les conséquences sont absolument désastreuses. Et ce, évidemment, en termes de réputation, mais également et indéniablement d’un point de vue économique, financier et sécuritaire.

Le RGPD permettra de rétablir un cercle vertueux

Les textes antérieurs au RGPD avaient, certes, le mérite d’exister, mais présentaient d’importantes lacunes. La fragmentation des textes dans chaque État bloquait l’usage de règles unifiées et sécurisées par les acteurs. Ces mêmes textes étaient, par ailleurs, fondamentalement tournés vers la responsabilité du détenteur de la donnée, occultant un principe fondamental à cette économie : l’échange de données entre différents acteurs. Il est grand temps que ces règles intègrent plus les droits fondamentaux des internautes et des citoyens, ainsi que des règles de sécurité adaptées en fonction des risques encourus. Mais aussi qu’elles cultivent un principe de responsabilité partagée pour l’ensemble des acteurs, et qu’elles appliquent concrètement des contraintes financières suffisamment dissuasives pour inciter à leur bonne application. Le challenge est de taille, et il est d’abord vital. Sans vigilance de notre part, et si nous n’œuvrons pas au rétablissement d’un cercle vertueux qui placerait la confiance au centre de nos préoccupations et objectifs, nous prendrons collectivement de graves risques qui impacteront irrémédiablement la pérennité de ce marché.

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