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En tout temps, la France a prouvé son ingéniosité et son talent d’entreprendre et d’entreprise. Cette année encore, les start-up françaises ont su attirer l’attention au CES (Consumer Electronic Show). Elles étaient plus de 200 à exposer, occupant près d’un tiers de l’espace Eureka Park. C’est un vrai retour en force qui montre bien que notre pays est une puissance entrepreneuriale incontournable qu’il convient de ne pas oublier.

Pourtant, un paradoxe existe. Il semble, en effet, que pour obtenir cette visibilité mondiale, les entrepreneurs français aient besoin de s’exporter aux Etats-Unis, et plus particulièrement à San Francisco ou New York, véritables «places to be» quand on est un entrepreneur qui rêve de se mondialiser. C’est pour cela, à l’instar de ce que nous avons fait avec Sensio Labs d’ailleurs, que les Français ont littéralement pris d’assaut ces villes avec leurs innovations et leurs start-up novatrices. Ils sont plus de 60 000 à San Francisco et 10 000 dans la Silicon Valley.

Un formidable outil

Pourquoi, alors, cette véritable marée d’entreprises françaises vers ces régions américaines? La cause en est double, voire triple. D’une part, les Etats-Unis ont un marché national immense et unique dans lequel la réglementation est peu contraignante et assez proche d’un Etat à un autre. D’autre part, leur marché national est parfaitement inscrit dans le marché mondial, leur permettant, par ailleurs, d’attirer des financements indispensables au développement mondial d’une entreprise. Et le petit bonus, il est vrai, c’est qu’il y fait bon vivre!

Pourtant, il existe bien, à notre échelle, des prémices de solutions pour favoriser l’entreprenariat français: l’Europe. En effet, l’Europe est un formidable outil qui allie, depuis sa création, la force économique de plusieurs pays afin d’en tirer le meilleur. A titre d’exemple, la libre circulation des biens et des services, et, aujourd’hui, le marché intérieur unique du numérique sont autant de solutions pour favoriser les entreprises à se développer au niveau européen puis dans le marché mondial.

Néanmoins, aujourd’hui, l’Europe piétine au niveau politique, ce qui immobilise les institutions et se répercute au niveau économique, l’empêchant de tirer la pleine puissance de son potentiel. Deux exemples. Le premier est que le concept européen du marché intérieur est beaucoup trop fragmenté: les cadres fiscaux, juridiques et sociaux restent très peu ou non harmonisés, engendrant, de facto, un coût élevé lorsqu’on souhaite s’installer dans un autre pays européen, surtout pour une PME. Nous avons pu nous même juger de ces difficultés lorsque nous avons ouvert un bureau Sensio Labs en Allemagne ou au Royaume-Uni. Le second est que les Etats membres, et notamment la France, doivent être plus proactifs dans la mise en place du marché unique numérique. Ce serait un avantage compétitif considérable pour nos entreprises.

Nouvelle dynamique

Quelle belle occasion de saisir un système qui bat de l’aile pour lui apporter les améliorations nécessaires à son épanouissement! Il s’agirait alors de ne plus voir des champions nationaux, mais bien des champions européens avant de vouloir partir à la conquête du monde. Pour parvenir à faire de ces entreprises nationales de véritables concurrents européens et favoriser leur développement mondial, l’Europe doit activer et travailler deux leviers fondamentaux. Le premier consiste à continuer les travaux pour la création d’un «level playing field» pour tous les acteurs du marché unique. L’internet n’a pas de frontières, les services numériques ne devraient pas en avoir non plus. Le deuxième concerne la création d’un Nasdaq européen, du type bourse technologique européenne. L’objectif serait de supprimer le blocage de financement des entreprises qui se sentent souvent obligées de partir en chercher aux quatre coins du monde.

Ainsi, aujourd’hui, nous avons à la fois les idées – manque plus que les actions concrètes – et un contexte national et européen favorable à cette refondation de l’Europe économique.

En effet, en France, espérons que la prochaine élection présidentielle apporte une nouvelle dynamique au niveau national et européen. Egalement, avec la perspective du Brexit, les marchés financiers européens seront restructurés. Saisissons donc cette opportunité pour créer un écosystème européen plus favorable à nos start-up.

On peut parier qu’à l’avenir, en mettant en place ces quelques idées, nos entreprises françaises, alors dépendantes des avantages du marché américain, parviendront à devenir les nouvelles pépites mondiales, des champions au même titre que les Gafam (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft).

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