Il y a toujours deux façons de voir les choses: en regrettant que la bouteille soit à moitié vide ou en se félicitant qu'elle soit à moitié pleine. Cette maxime pourrait s'appliquer à la presse féminine. Certes, tous les titres affichent des chiffres de diffusion en baisse, et ce depuis plusieurs années. Le web est depuis longtemps pointé du doigt, mais personne ne contestera qu'il peut être un formidable tremplin de croissance. […]

 

Le papier prend de la valeur. Certes, la contraction structurelle de la distribution de magazines a un impact direct sur les ventes des magazines, mais elle nous contraint, nous éditeurs, à donner de la valeur à nos titres, une valeur perçue d’abord, qui justifie une valeur faciale plus élevée. Cela veut dire plus de fond, des maquettes et formules revisitées plus fréquemment, plus d’innovation éditoriale et plus de création. C'est une bonne nouvelle.

Valoriser le papier aujourd’hui, c'est aussi cibler davantage et faire des choix pour «adresser» de façon plus intense chaque cible. Les innovations dans les magazines vont dans cette direction, à l'instar des titres haut de gamme, et pourtant gratuits, et des magazines-objets. Il est donc encore possible de faire le pari de lancements de nouveaux magazines print.

Valoriser le papier, c’est enfin revisiter son mode de conception éditoriale en comptant aussi sur les blogs, l’UGC [User Generated Content ou contenu créé par les utilisateurs], Instagram et l’ensemble des réseaux sociaux pour «sourcer» du contenu différent et pertinent.

 

Du magazine à la marque média. Tout éditeur de presse féminine est également conscient que l'avenir doit s’écrire au «singulier-pluriel»: une marque, des supports. Cette mutation est la transformation de nos contrats éditoriaux, de nos savoir-faire et de nos audiences. Nous avons dans le patrimoine français des marques de presse féminine extrêmement fortes, qui ont le potentiel de se développer et de prendre de solides et durables positions sur internet, fixe et mobile. Comment? Avec une double stratégie, de construction sur des fondations solides et d’acquisition pour intégrer de nouveaux savoir-faire.

 

S’approprier les usages digitaux et mobiles, engager nos utilisateurs. Construire une audience ne suffit pas. Encore faut-il développer de l’engagement sur nos marques. Cela passe par de nouveaux métiers, de nouvelles compétences dont la presse doit se doter. Les leviers sont multiples: sur les sites, dans les applications ou sur les réseaux. Tous doivent être exploités. Bien sûr, ces transformation impliquent des mutations profondes en terme de compétences métiers – ce qui développe aussi l’employabilité de nos collaborateurs.

 

Inventer demain. Mais il faut aller plus loin. Certes, l’innovation magazine est relancée et la transformation digitale largement engagée, mais de nouvelles sources de croissance rentables sont nécessaires. Aucune marque de presse féminine n'assurera de façon pérenne son avenir sans s'ouvrir sur le «paid content» [contenu payant], ou plutôt sur le «paid service». En aucun cas il ne s'agit de trahir nos valeurs et notre histoire, il s’agit de développer les services que nos lectrices attendent tout en assurant la rentabilité économiques de nos marques.

 

La création de contenus éditoriaux pour ces nouvelles offres restera le dénominateur commun, car c'est bien le conseil et l'information que les consommatrices continueront à venir chercher dans ces nouveaux territoires. […]

 

Valoriser, diversifier, innover, rajeunir, digitaliser, engager, servir: les mots clés de la presse féminine sont des verbes d’action et d’ambition. C'est en les mettant en pratique, en prenant des risques et en s'appuyant sur l'évolution du secteur plutôt qu'en la subissant, que nous pourrons continuer à affirmer que oui, la presse féminine est un média d'avenir.

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