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Le groupe AdUx a fait le pari d'un plus grand respect des données de l'utilisateur en 2017. Début 2019, le marché lui donne raison. Entretien avec Cyril Zimmerman, le PDG du groupe.

Depuis deux ans, AdUX a beaucoup évolué. Où en est le groupe ?

Cyril Zimmerman. Effectivement, nous avons pris un nouveau positionnement fin 2016. Nous avons anticipé la problématique du respect de l’utilisateur en termes de données personnelles, en voyant les discussions sur l'e-privacy à l’époque. Au regard de l’année 2018, avec la police de la Cnil et les scandales qui ont émaillé Facebook, on se dit que le temps nous a donné raison, mais ce fut un sacré pari. Nous avons supprimé notre SDK, donc nous ne récoltons plus de données de géolocalisation pour les utilisateurs. Mais nous nous basons depuis sur les bid requests. Chaque fois qu’une pub doit s’afficher, notre DSP reçoit, pour les internautes qui ont donné leur accord explicite, les données de géolocalisation. Nous pouvons ainsi mener des campagnes drive to store.

C’était un gros risque ?

Cela nous a couté près de 25% de chiffre d’affaires en moins. Car a l’époque, ce n’était pas une problématique des annonceurs, et ce qu’ils gagnaient en non-intrusivité et en volume, ils pouvaient le perdre en précision, donc certains nous ont quittés. Mais maintenant, nous voyons clairement le mouvement inverse s’effectuer.

Pourtant on dit que les consommateurs sont prêts à transmettre leurs données si le service en retour est bénéfique…

Je ne suis pas d’accord avec cela. Pour moi c’est impossible, car il n’y a pas d’échelle de valeur. Le public n’a aucune idée de la valeur exacte d’un service qui est gratuit depuis 20 ans, comme l’information. Donc il n’a pas de référentiel. Pourquoi donnerait-il ses données ? Elles ne peuvent pas être perçues comme monnaie d’échange. Les éditeurs, s’ils n’établissent pas de paywall, ne pourront pas redonner de la valeur à leurs informations et ne pourront pas demander aux internautes leurs données en échange.

Outre ce positionnement, il y a aussi eu plusieurs ventes ?

Nous nous sommes séparés de nos activités de régie, notamment en Italie et en Espagne, car il nous manquait un effet de taille. L’activité de régie sur internet est intéressante quand vous avez une taille suffisante, car l’investissement en techno a déjà eu lieu. Chaque gain de taille est une marge supplémentaire. Mais nous avons préféré investir ailleurs.

De quoi se compose le groupe maintenant ?

Nous avons toujours Quantum, dont nous avons pris totalement le contrôle l’été dernier, qui est notre entité de création de contenu en native advertising. Nous le créons et le distribuons sur notre propre SSP qui regroupe plusieurs milliers de sites, avec un total de 32 millions de visiteurs uniques par mois. Ensuite nous avons la brique Adpulse, créée en 2014, qui est un studio de création de contenu digital et d’activation. Et enfin Admoove, que nous avons racheté en 2015, qui est notre entité de géomarketing, pour faire de l’audience planning et du drive to store. Toute cette offre nous permet de répondre à trois objectifs : stimuler la vente en magasin en passant du digital au physique, stimuler les ventes online (native), et raconter une histoire de marque. Nous créons aussi des offres en créant des synergies entre ces départements. 

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