Dossier Média TV
Guillaume Théaudière, directeur de la stratégie du groupe IPG Mediabrands France, dresse un bilan des audiences TV pour envisager les évolutions du paysage audiovisuel.

Estimez-vous que le média télévision est menacé par les autres écrans ?

Guillaume Théaudière. En télévision, il ne faut pas confondre les canaux de diffusion et les contenus. La télévision est aujourd’hui disponible sur toutes les tailles d’écrans, tous les terminaux, en direct ou en différé, que vous regardiez France 3 ou Netflix. L’attrait du direct est très fort, c’est le moteur des audiences majeures, tous les ans.

Le direct ne concerne pourtant pas tous les programmes.

Oui, mais c’est vrai pour le sport surtout, et aussi pour l’information et les interventions politiques majeures. Je remarque que sur le sport, on avait pour habitude que les chaînes historiques préservent leur pré carré et acquièrent les droits de diffusion malgré l’inflation des tarifs. Les grands acteurs de la SVOD, mais aussi pourquoi pas les Gafa, pourraient venir troubler le jeu, puisque c’est clairement une question de propension à payer toujours plus cher et de retour sur investissement.

Avec la crise des Gilets jaunes, l’audience TV a repris des couleurs, non ?

L’information enregistre des pics importants et la politique reste aussi un point de convergence des audiences car elle passionne les Français. Les débats des présidentielles et les allocutions sont des grands temps forts d’une année télé. Sur ces points, les chaînes historiques ont encore une primauté, même si les remises en question du traitement de l’information sont de plus en plus nombreuses.

La TV se distingue également par les divertissements. Pour quels résultats ?

Les divertissements ont reculé en 2018. En 2017, avec 7,3 millions de téléspectateurs, The Voice réalisait la 11e audience de l’année. En 2018, c’est l’élection de Miss France qui est la première audience de ce type de spectacle et elle figure au 37e rang, alors que The Voice n’a fait au mieux que 7 millions. Phénomène de lassitude pour ce type d’émission ? Concurrence trop forte des fictions ? C’est bien possible : ces dernières se portent mieux.

Justement, la concurrence entre SVOD et TV se joue-t-elle essentiellement sur la fiction ?

Clairement, un vrai match oppose les chaînes historiques et la SVOD dans ce domaine. Les premières savent élaborer des programmes locaux qui plaisent énormément, au public (Capitaine Marleau) comme à la critique (Dix pour cent, Le Bureau des Légendes). Les acteurs de la SVOD ont pour eux une machine de production à la puissance colossale, pour des fictions amorties sur une audience mondiale.

Va-t-on vers une répartition des rôles ?

Il y aura certainement demain le live pour le sport et l’information, la VOD pour tout le reste. La question est moins du côté des usages – qui seront forcément fragmentés, asynchrones, multi-écrans - que de l’offre.

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