L'actu vue par...
Olivier Mathiot, président de Thecamp, cofondateur de PriceMinister, vice-président de France Digitale, nous livre son point de vue sur l'actualité de la semaine.

L’ouverture du CES de Las Vegas avec plus de start-up françaises qu'américaines.
Je trouve génial que la délégation française soit extrêmement fournie. Ce qui est d’ailleurs parfois critiqué. L’intéressant est que l’innovation n’est pas réservée aux start-up. Il y a un vrai enjeu à valoriser la qualité et pas seulement la quantité. Mettre en valeur les entreprises qui ont un potentiel d’innovation. C’est là où nous sommes un peu moins forts, en France. A Thecamp [campus dédié à l’innovation à Aix-en-Provence], nous voulons plutôt créer des écosystèmes. Il faut arriver à mieux faire travailler ensemble les start-up et les grands groupes. Cela permettrait de montrer des innovations plus spectaculaires, notamment sur l’intelligence artificielle.


Les Gilets jaunes et le rôle des médias dans la couverture du mouvement. 
Le paradoxe est que les médias mettent énormément l’accent sur les Gilets jaunes et qu’en même temps ils se font agresser. Sur les réseaux sociaux, ils sont très critiqués. Ils ont voulu mettre en avant le sujet et cela leur retombe dessus. Ils ont favorisé le spectaculaire, ils sont dans la course à l’audience. Pendant la guerre du Golfe -c’était aussi le début des chaînes de news- on voyait sans cesse des images de bombardements sur Bagdad… Là, il y a un manque d’analyse. C’est toujours vrai aujourd’hui, alors que le mouvement se poursuit. Les médias ont du mal à avoir une vision. Les gilets jaunes font aussi exprès de jouer sur la provoc, de créer des images, ce sont de «bons clients» dans ce sens-là, les médias se laissent entraîner. Dans les médias comme en politique, la communication doit être repensée.


Le départ annoncé de Sylvain Fort, conseiller communication de l’Elysée.
Le métier de communicant politique est un métier de fusible. Ce n’est pas que les personnes ne sont pas compétentes, c’est qu’il faut changer de style, de ton. Dans ce métier, le risque est de ne pas durer. A l’Elysée, ils ont mal communiqué sur leurs mesures. Les « petites phrases » masquent la réalité de certaines d’entre elles. De très belles réussites de communication ont marqué la campagne, sur la démarche collective notamment. Mais il y a eu un problème entre la conquête du pouvoir et la suite. Si les premières rencontres d’Emmanuel Macron à l’international ont été réussies, le lien est plutôt à recréer sur le plan domestique, pour se défaire cette image de « président des riches » qui lui colle à la peau.


Les déboires d’Apple en Bourse.
Les gens-ils croient au renouvellement d’Apple ? L’entreprise a sorti moins d’innovations récemment. Avant, on avait des « rendez-vous Apple » : Apple TV, Apple Car. Les Coréens de Samsung ou LG se positionnent sur la TV connectée, les Google ou Tesla travaillent sur la voiture connectée. On a aujourd’hui du mal à voir ce qu’Apple va faire… D’autant que ses prix sont plus chers, avec moins d’innovations. Pour faire un parallèle avec le luxe, on attend du secteur de la création, une capacité à surprendre. En tech, c’est pareil. Là, Apple est assez faible. Les prix ont monté sans attendre l’innovation.


La sortie médiatisée du dernier livre de Michel Houellebecq, Sérotonine.
J’adore Houellebecq depuis Extension du domaine de la lutte. J’aime son style, il est prospectif, casse les façons de réfléchir, dit des vérités. Il est soit très bien entouré, soit très bon en marketing. Il sait créer des rendez-vous, avec son éditeur, orchestrer des petites polémiques qui vont faire parler... Cela crée des attentes. A cela s’ajoute la partie sur les tirages, 320 000 rien qu’en France. Au marketing du produit s’ajoute ainsi le « marketing du chiffre ». Par ailleurs, Houellebecq crée un personnage antimédiatique, qui ne s’exprime pas trop, est taciturne, déprimé… Il en devient médiatique.


L'impact sur la tech des relations tendues entre la Chine et les États-Unis.
Chez thecamp, nous essayons de réfléchir à une voie intermédiaire dans le domaine de la tech. Le marché américain est très libertaire ; celui de la Chine, hypersécuritaire, le marché est très protégé. Une troisième voie est possible : celle de la Tech for good, une approche plus universelle, qui réconcilie la technologie, l’innovation, et l’impact durable. Il y a un « leap frog » [saut de grenouille] à réaliser.

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