Télévision
À l’occasion du lancement de la série événement La Vérité sur l’affaire Harry Quebert sur TF1, son producteur, Tarak Ben Ammar, revient pour Stratégies sur les mutations en cours dans le secteur de l’audiovisuel.

TF1 vient de commencer la diffusion de la série La Vérité sur l’affaire Harry Quebert, réalisée par Jean-Jacques Annaud, avec Patrick Dempsey. Comment est né ce projet ?

Tarak Ben Ammar. C’est mon partenaire, Fabio Conversi, qui m’a fait découvrir le roman de Joël Dicker. L’auteur et son éditeur, Bernard de Fallois, voulaient absolument que l’adaptation soit un film ; ils avaient d’ailleurs été contactés par Ron Howard et Steven Spielberg. Je les ai convaincus d’en faire une série télé ; ils ont dit oui, à condition que ce soit avec un réalisateur de cinéma. C’est comme ça que j’ai pensé à Jean-Jacques Annaud, avec qui j’ai fait le film L’Or noir en 2011. Nous voulions des moyens de cinéma (46 millions de dollars de budget) pour qu’à aucun moment la télévision n’ait l’air cheap.

 

Vous avez produit de nombreux longs métrages dans votre carrière. Qu’est-ce qui vous plaît dans la production de séries ?

Quand on s’engage sur un long métrage, on est souvent frustré car il faut sacrifier des choses. La beauté de la télévision, c’est que vous avez plus de temps ; il y a des histoires qui ont besoin d’air. La Vérité sur l’affaire Harry Quebert est un roman de 700 pages, dont nous avons fait un film de 450 minutes (10 épisodes de 45 minutes). Ce n’est pas pour autant que je m’éloignerai du cinéma mais maintenant que j’ai goûté à la télévision, je travaille sur d’autres projets. La télévision vous ouvre la planète : La Vérité sur l’affaire Harry Quebert est une série qui va voyager dans le monde entier, à des dates différentes. C’est encore plus vrai aujourd’hui. Et puis, c’est beaucoup plus facile de trouver de l’argent à la télévision qu’au cinéma.

 

Qu’est-ce que le succès planétaire de Netflix change pour vous ?

Nous vivons une révolution industrielle fascinante. Pour les jeunes producteurs et metteurs en scène, Netflix est un eldorado car, comme Amazon, la plateforme a besoin de producteurs locaux. C’est une vraie opportunité pour la culture européenne, qui se plaint de la concurrence des majors. Pour La Vérité sur l’affaire Harry Quebert, Netflix nous avait contactés ; ils nous proposaient même 20% du budget en plus contre les droits à vie.

 

Pourquoi ne pas avoir accepté ?

D’abord parce que j’avais envie de travailler avec les différents networks européens. Si vous ne travaillez que pour Netflix, vous ne connaissez pas le taux d’audience de votre série ; ils ne vous le disent pas. Netflix, c’est le supermarché. Vous êtes une série parmi des centaines ; ce qui les intéresse, c’est le volume. Pour un producteur, c’est intéressant de connaître le succès de son produit. Ça nous permet, à l’écriture et dans la recherche des thèmes, de faire des choses qui plaisent dans le monde entier à différents types de consommateurs.

 

Pourriez-vous travailler un jour pour Netflix ?

J’ai des discussions avec eux. Pourquoi pas, je ne suis pas contre.

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