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Après le refus des autorités de laisser entrer un journaliste britannique sur son territoire, Hong-King se défend de toute atteinte à la liberté d’expression. Ce n’est pas la première fois qu’un incident pareil survient avec en toile de fond la volonté d’hégémonie chinoise sur l’ancienne colonie britannique.

Les défenseurs des droits se sont livrés à une attaque en règle vendredi contre les autorités hongkongaises après leur refus de laisser entrer un journaliste britannique, dénonçant un nouveau coup porté aux libertés du territoire semi-autonome sous l'influence d'une Chine qui serre la vis. Victor Mallet, du Financial Times, a été refoulé jeudi par les services de l'immigration après avoir été entendu plusieurs heures. Peu auparavant, un centre artistique avait annulé la participation de l'écrivain chinois en exil Ma Jian à deux conférences dans le cadre d'un festival littéraire.



Ingérence chinoise

Amnesty International a parlé d'un « signal affligeant » sur l'état de la liberté de la presse à Hong Kong et de « représailles » contre le journaliste. En vertu du principe « Un pays, deux systèmes » qui a présidé à sa rétrocession par la Grande-Bretagne en 1997, Hong Kong jouit sur le papier de droits, dont la liberté d'expression, inconnus dans le reste de la Chine. Mais nombreux sont ceux qui perçoivent une emprise de plus en plus marquée du gouvernement central chinois sur les affaires hongkongaises, et un recul des libertés. Victor Mallet s'était déjà vu refuser en octobre le renouvellement de son visa de travail à Hong Kong et avait quitté le territoire. Il essayait de revenir sur un visa de séjour de courte durée. Les citoyens britanniques sont habituellement autorisés à entrer sans visa à Hong Kong et à y rester pendant 180 jours.



Censure croissante

Les autorités n'ont pas expliqué leur refus de renouveler son visa de travail. Mais le journaliste avait suscité leur ire en invitant Andy Chan, dirigeant du Parti national, minuscule formation indépendantiste, à une conférence du Club des correspondants étrangers (FCC), une institution dans l'ex-colonie britannique. Le ministre de la Sécurité John Lee a assuré vendredi que le dernier refus d'entrée sur le territoire n'avait « rien à voir avec la liberté d'expression et la liberté de la presse ». Il s'est refusé à en dire plus au nom « de la protection des données ». Le FCC s'est dit « choqué et abasourdi », parlant de « sanction grave et disproportionnée qui semble complètement sans fondement ». Ce n'est pas la première fois qu'un ressortissant britannique est interdit d'entrée à Hong Kong. En 2017, Benedict Rogers, défenseur des droits de l'Homme et membre du Parti conservateur, avait également été refoulé par les services de l'immigration. M. Rogers a dénoncé « une décision bizarre » concernant M. Mallet. Human Rights Watch a déclaré que la répression croissante des libertés de Hong Kong conduisait « à la censure et à l'autocensure » tandis que le militant prodémocratie Joshua Wong dénonçait « une tentative autoritaire pour censurer toute voix dissidente ».

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