Journalisme
Le 80ème prix Albert Londres a été remis à Élise Vincent, du journal Le Monde, pour une série de reportages sur le jihadisme et la radicalisation dans l'Hexagone.

Le 80ème prix Albert Londres a été remis lundi 22 octobre à Istanbul à Élise Vincent, du journal Le Monde, pour une série de reportages sur le jihadisme et la radicalisation en France. Élise Vincent a été récompensée pour six enquêtes, signées entre juin 2017 et juin 2018, parmi lesquelles Le Jihad derrière les barreaux, Génération salafiste et Le dossier Logan sur le terrorisme d'extrême droite. Le plus prestigieux prix de journalisme francophone, décerné en Turquie en signe de soutien aux journalistes turcs confrontés à une campagne de répression par les autorités, a également consacré Marjolaine Grappe, Christophe Barreyre et Mathieu Cellard dans la catégorie Audiovisuel, pour leur film Les hommes du dictateur, sur le financement du régime de Corée du Nord, diffusé sur Arte.

 

La Turquie, tout un symbole

Le 2ème Prix du Livre a été remporté par Jean-Baptiste Malet pour L'empire de l'or rouge (Fayard), une exceptionnelle enquête qui, en décortiquant l'économie du concentré de tomates, démonte et expose les rouages de la mondialisation. Lors de la remise des prix, qui s'est déroulée dans un restaurant appartenant à l'homme d'affaires et mécène turc Osman Kavala, emprisonné depuis un an, la présidente du jury Albert Londres, Annick Cojean, a tenu à envoyer «un message particulier, dans un pays où les journalistes indépendants sont considérés comme des ennemis à abattre ou à museler».

«Un film de la présélection consacré à la journaliste maltaise (Daphne Caruana Galizia) assassinée l'an passé nous a profondément émus», a-t-elle dit. «Il est sous-tendu par une initiative que nous aimerions encourager et transformer en défi pour nous tous: celle de Forbidden stories». «Le principe est simple: chaque fois qu'un journaliste est empêché d'écrire une enquête sur laquelle il a commencé de travailler, parce qu'il est menacé, emprisonné ou assassiné, des confrères prennent le relais et continuent son travail», a-t-elle expliqué.

 

Samuel Forey interdit d'entrée

«Le Prix Albert Londres fait sien ce défi d'une solidarité internationale des journalistes et des rédactions. Impossible désormais d'arrêter l'information. Impunité zéro pour les criminels», a-t-elle lancé devant un parterre comprenant de nombreux journalistes turcs. Et d'ajouter : «Le journalisme collaboratif 2.0 offre un nouveau terreau à la liberté d'informer.» Le jury du prix Albert Londres est composé d'une vingtaine d'anciens lauréats. Mais cette année, le lauréat 2017 pour la presse écrite Samuel Forey n'a pas été autorisé par les autorités turques à entrer dans le pays. Il fait l'objet d'une interdiction de séjour en Turquie pour y être entré clandestinement, depuis la Syrie. 

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