Télévision
Face à Canal+ et Bein Sports, qui se partageaient jusque-là les droits du football en France, l’arrivée de RMC Sport le 3 juillet et de Mediapro en 2020 pourrait bien changer la donne.

Une folle semaine. En quelques jours, le paysage des chaînes diffusant du football en payant en France est passé de deux acteurs à bientôt quatre. Aux côtés de Canal+ et de BeIn Sports, qui se partagent encore pour deux saisons le championnat de France de Ligue 1, il faudra compter à partir du 3 juillet avec RMC Sport, un bouquet de cinq chaînes que le groupe Altice va mobiliser pour diffuser les matchs de la Ligue des champions et la Ligue Europa, dont il a acquis les droits jusqu’en 2021 pour la somme record de 1,2 milliard d’euros. Dévoilée au lendemain de l’attribution surprise des droits audiovisuels de la Ligue 1 à l’espagnol Mediapro, cette nouvelle offre vise le million d'abonnés en 2019, 3 millions à terme, pour un prix d’abonnement plus élevé que le bouquet SFR Sport sur lequel elle s'appuie (aujourd'hui 5 euros par mois pour les abonnés SFR, 15 euros pour les autres).

Une somme « déraisonnable »

« Nous nous donnons trois ou quatre ans pour atteindre la rentabilité, a expliqué le 30 mai devant la presse Alain Weill, PDG de SFR Group. L’avantage d’un opérateur télécom par rapport à un pure-player télé, c’est que, même si les droits de la Champion’s League sont un investissement important, cela représente seulement 3,5% du chiffre d’affaires de SFR en France. Si demain nous perdons tel ou tel droit, cela ne remet pas en cause notre modèle d’entreprise. » Dans tous les esprits, le sort de Canal+ qui, la veille, s’était fait sortir de l’appel d’offres sur les droits audiovisuels de la Ligue 1 à partir de la saison 2020-2021. Le président du directoire du groupe, Maxime Saada, a qualifié la somme déboursée par Mediapro (780 millions d’euros par saison, selon L’Equipe, dont 330 millions pour le seul match du dimanche soir) de « déraisonnable, impossible à rentabiliser ».

Pas de quoi décourager le patron du groupe audiovisuel espagnol, Jaume Roures, qui était le lendemain à Paris pour présenter à la presse les contours de la chaîne qu’il compte lancer en 2020. Au programme, du foot 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, dont huit matchs sur dix chaque journée de championnat. S’appuyant sur ce qu’il a fait en Espagne, où le nombre d’abonnés est passé de 1,8 million à 4,6 millions en huit saisons, Mediapro veut « accroître la base d'abonnés au foot en France », espérant faire passer le marché de 3,5 millions à 5 millions. Le Catalan voit grand : un abonnement à près de 25 euros par mois, contre 15 euros aujourd’hui chez BeIn Sports et autour de 20 euros pour Canal+ avec, en plus, l’offre cinéma et séries de la chaîne cryptée. « Si l’on compare la France et l’Espagne (en termes de population, de PIB…), 25 euros par mois, ce n’est pas un prix déraisonnable », a martelé Jaume Roures, qui parie sur une distribution de sa chaîne non pas en exclusivité mais auprès du plus d’opérateurs possible.

Dans ce nouveau paysage, difficile de savoir comment se redistribueront les abonnés de Canal+ et de BeIn Sports. Selon un analyste financier cité en off par Le Monde, 40 % des 4,8 millions d’abonnés que compte Canal+ sont fans de foot ; BeIn Sports revendique, elle, près de 3,5 millions d’abonnés. Le mercato des abonnés ne fait que commencer.

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