Presse
Depuis 2002, Serge Dassault présidait aux destinées du Figaro avec la vigilance d’un actionnaire scrupuleux et l’obsession d’un entrepreneur soucieux de la croissance de ses actifs. Si l’heure est aux derniers hommages, la question de sa succession, délicate dans cette famille industrielle, se pose.

Qui prendra sa suite pour les fameux rendez-vous du mardi dans son bureau du rond-point des Champs-Élysées ? Dans ce même lieu de pouvoir où Serge Dassault, quatrième fortune de France selon Forbes, est décédé « d’une défaillance cardiaque » à 93 ans le 28 mai, une semaine avant un jugement en appel pour blanchiment de fraude fiscale. Chaque semaine, le propriétaire du groupe Figaro depuis 2004 y recevait Marc Feuillée, et les dirigeants du journal. « Il était très impliqué dans l’avenir du journal, nous confie le directeur général du groupe. Il le concevait comme une branche d’activité qui a sa propre logique et son propre développement. Il raisonnait en industriel ayant à cœur d’investir, de développer et de faire croître notre activité. Il ne considérait pas son action à la tête de ce groupe de presse comme un mécénat ».

Investissements judicieux

Son père, Marcel Dassault, fondateur de l’empire familial avait créé Jours de France dans lequel il signait la rubrique mondaine baptisée « Café du commerce ». Chaque année, son fils publiait ses vœux dans son quotidien. Certains avaient imaginé qu’en rachetant Le Figaro, il s’offrait une danseuse. Au contraire, il a fait du journal un groupe multimédia porté par une gestion saine, une diversification pertinente et des investissements judicieux dans le web via CCM Benchmark. Cette stratégie permet au groupe de s’imposer comme le premier groupe français digital derrière Google, Facebook et Microsoft en 2017 et d’être un modèle dans l’univers bousculé des médias. « Il avait conscience qu’un média n’est influent que s’il est en bonne santé économique et si sa diffusion est large. Il a devéloppé le web en ingénieur et technophile qu’il était ». Dès 22 heures, il consultait la version numérique du journal avant de feuilleter la version papier le matin. « La qualité et l’innovation étaient ses deux obsessions » confie encore Marc Feuillée. Charles Edelstenne, son bras droit, âgé de 80 ans et directeur général depuis 2013 de GIMD [Groupe industriel Marcel Dassault] a été désigné comme « président statutaire successif » depuis 2014 « en cas de vacance de la présidence de GIMD, pour quelque motif que ce soit ».

Le mal aimé

Serge Dassault a mieux pensé la suite que son père, Marcel Dassault. Ce dernier avait imaginé sauter une génération en confiant les rênes à son petit-fils Olivier, alors âgé de 35 ans (et donc fils de Serge). Serge Dassault, le fils rabroué et mal aimé, avait emporté la mise. Et c’est justement Olivier Dassault, qui a rassuré les esprits et les actionnaires sur Europe 1 au lendemain du décès de son père. « Tout est organisé, tout se passera bien, dans l’union totale. C’est cela mon ambition : faire en sorte que les décisions se prennent en consensus familial. Il n’y aura aucune querelle d’héritier. C’est l’engagement que je prends devant mes frères et sœur et devant les Français » a-t-il assuré. 

Qui de lui, député LR de l’Oise, de Laurent et Thierry, tous deux directeur général délégué de GIMD ou de sa sœur Marie-Hélène Habert, directrice de la communication de GIMD et présidente du conseil de surveillance prendra la suite ? Jusque là, la présidence du conseil de surveillance devait être assurée à tour de rôle pour douze mois par chacun des enfants. Au siège du Figaro, on assure qu’il est trop tôt pour en parler…

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