Audiovisuel
Pour peser face aux géants du numérique, les groupes français de production audiovisuelle multiplient les acquisitions. Un nouvel acteur pourrait aussi rebattre les cartes du secteur, Mediawan.

Makever, Mon Voisin Productions et Storia Télévision dans la fiction, On Kids & Family dans l'animation, CC&C dans le documentaire : ces derniers mois, Mediawan, la société d’investissement dans les médias de Pierre-Antoine Capton, Xavier Niel et Matthieu Pigasse, a multiplié les acquisitions à vitesse grand V, après celle d’AB Groupe. Montant investi : 370 millions d'euros, pour une force de frappe totale de 1,5 milliard d’euros. « Mediawan est désormais leader européen dans l'animation et premier producteur de fiction en France en nombre d'heures (…). Nous allons désormais nous atteler à devenir pleinement une société intégrée de médias », expliquait Pierre-Antoine Capton, le 22 mars dernier, dans une interview aux Echos.

Constituer un réseau européen

Quelques semaines plus tôt, Lagardère Studios annonçait l’acquisition de la société de production néerlandaise Skyhigh TV, après celle d’Aito Media en Finlande en 2017 et de Grupo Boomerang TV en Espagne en 2015. « La stratégie de Lagardère Studios est de consolider ses positions sur ses marchés domestiques (France et Espagne depuis 2015) tout en s'implantant sur de nouveaux territoires européens ayant un fort potentiel créatif (…). Notre objectif est de constituer un réseau européen de sociétés de production indépendantes partageant un ADN commun, et des positionnements créatifs cohérents », souligne Christophe Thoral, président de Lagardère Studios. Et ainsi « transformer le champion français en leader européen », selon les mots du président de Lagardère Active, Denis Olivennes.

Racheté par le groupe TF1 en 2016, Newen n’exclut pas non plus des acquisitions. « Nous regardons des dossiers en Europe du Nord et au Royaume-Uni », a indiqué Fabrice Larue, président de Newen, devant l’Association des journalistes médias, le 15 mars. Afin de se développer dans les programmes de flux, le groupe de production, jusque-là centré sur la fiction, a déjà racheté début 2017 le producteur hollandais Tuvalu Media Group. « Aujourd’hui, le marché ne progresse plus : le groupe Newen est déjà sur toutes les chaînes en France, avec 12 séries. Notre croissance passe par le développement dans les programmes de flux et par des acquisitions à l’international », souligne Fabrice Larue.

Une période difficile

« La production audiovisuelle traverse une période difficile : sans augmentation de la publicité, les chaînes privées en clair stagnent, le financement du service public est incertain et Canal+ fait face à une baisse du nombre de ses abonnés et de leur valeur. D’où la nécessité de se regrouper pour les producteurs, d’autant qu’avec l’apparition de compétiteurs extérieurs comme Amazon et Netflix, l’effet de taille joue », observe Pascal Rogard, directeur général de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD). Ajoutez à cela une législation propre à la France qui impose une séparation stricte entre producteur et diffuseur, ce qui explique une grande atomicité du marché français.

« Cela fait cinq ou six ans qu’on assiste à une partie de Monopoly dans tous les marchés matures, note François-Pier Pélinard-Lambert, rédacteur en chef du Film français. Cela s’explique par l’explosion de la demande de fiction, avec la multiplication des chaînes et des plateformes, mais aussi le phénomène du binge watching. Il faut nourrir la machine. »

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