L'actu vue par...
Julien Mendez, président et directeur de la publication de l'hebdo Vraiment revient sur les actualités de la dernière semaine.

La perspective d'une grève perlée à la SNCF.

J’aimerais que l’on parle un peu moins du bras de fer qui s‘installe et des techniques de communication, et un peu plus du fond du problème, c’est-à-dire de l’ouverture à la concurrence et d’éventuelles privatisations. J’ai travaillé sur l’économie et les entreprises à capitaux publics dans une autre vie [il était dans les cabinets de Michel Sapin et d'Emmanuel Macron à Bercy]. Les discussions en cours avec la SNCF ont déjà eu lieu chez Orange ou à La Poste, où l’on ne recrute plus de fonctionnaires. Le transport ferroviaire doit-il être un service public ? C'est la question de fond. Et lorsque je lis que le régime de retraite des cheminots est déficitaire, je regrette que les médias ne soulignent pas assez que s’ils étaient sous le régime général, le problème serait identique, lié à un déficit démographique. Notre journal entend traiter du fond des sujets et faire de la prospective. Pas du commentaire à chaud.

 

Ebdo en pleine crise trois mois après son lancement

Je comprends, d'après leurs dires, que l’équipe d’Ebdo s’interroge sur l'identité de son titre et sur ce que le public en attend. Chez Vraiment, nous sommes convaincus qu’il y a de la place pour une nouvelle offre print. Le numérique a causé du tort à l’info immédiate imprimée et nous voulons justement prendre du recul. Il faut travailler, me semble-t-il sur l’adéquation, entre la promesse faite aux lecteurs et l’offre qu’on leur propose. Nous avons fait trois numéros zéro et 97 % de nos abonnés-fondateurs ont trouvé la promesse tenue. Mais le modèle économique ne peut plus se fonder sur des ventes à 200 000 ou 300 000 exemplaires et sur une manne publicitaire importante. Il faut coller au marché avec des ambitions mesurées.

 

Le documentariste Bertrand Delais à la tête de LCP-AN, après avoir suivi Emmanuel Macron dans sa course à la présidence.

J’applique une règle simple : pas de procès d’intention. Je préfère juger les êtres sur leurs actes. Je remarque que le président de la Chaîne Parlementaire est nommé par le bureau de l’Assemblée nationale, ce qui suscite un débat récurrent.

 

Le « média bashing » et les relations parfois dégradées entre médias et politiques.

S’en prendre aux journalistes semble de plus en plus courant. Si les politiques le font, c’est qu’ils trouvent dans la société un écho à leurs propos. Le problème de fond repose sur une confiance rompue entre citoyens et journalistes. Pour rétablir ce lien, il faut impulser un retour aux sources du journalisme, à la rigueur de l’information et à la distinction claire entre faits et opinions. Nous publions d’ailleurs une charte d'engagement à destination de nos lecteurs. Pour que notre travail se fasse dans la plus grande transparence.


Les revendications de TF1 pour obtenir une rétribution de leurs offres de chaînes gratuites de la part des opérateurs télécoms.

Comme la presse écrite, les télés voient leur modèle économique bouleversé par le digital. Elles cherchent d’autres revenus. La question est de savoir si elles reposent sur un modèle gratuit financé par la pub ou sur un modèle payant. Cela semble difficile de revendiquer les deux.

 

Le marché publicitaire français en 2017 en hausse de 1,2 % avec une forte croissance du digital (+12 %) captée par les Gafa.

L’enjeu de taxer le chiffre d’affaires des Gafa relève d’une bataille entre États, dont certains ont une fiscalité faible. Globalement, cette hausse du marché est une bonne nouvelle. Le déclin du print (-7,4 %) va de pair avec une augmentation vers du digital. Preuve que les investissements ne diminuent pas. Il est donc nécessaire que la presse écrite réfléchisse à sa complémentarité entre print et le digital pour trouver un modèle économique viable. Le chiffre d’affaires de la pub dans notre nouvel hebdo Vraiment (sorti le 21 mars) est de 20 %. On doit apprendre à vivre de nos lecteurs et pas de la publicité. Notre équilibre économique repose sur un objectif bas de 40 000 exemplaires par semaine (abonnements, ventes en kiosque et ventes digitales). 


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