Télévision
Comme avec SFR mi-2017, TF1 a suspendu son service de replay aux abonnés Orange. En jeu, la mise à contribution des opérateurs télécoms par les chaînes de télévision, sur fond d’essor de l’OTT.

Le ton est monté d’un cran le 1er février entre le groupe TF1 et Orange, avec la suspension du service MyTF1 auprès des abonnés Orange. « Cette attitude est d’autant plus déplorable que le modèle français de la distribution IPTV [Internet Protocol Television] sur les boxes télécoms est équilibré, protecteur et rémunérateur pour l’ensemble de la chaîne de valeur », estime l'opérateur qui parle de « prise en otage de ses clients ». Comme M6 mi-janvier, TF1 espérait conclure sur le fil avec Orange un accord de distribution similaire à celui signé le 6 novembre avec Altice et le 30 janvier avec Bouygues Telecom. « Notre objectif reste de trouver un accord équilibré et équitable pour offrir aux téléspectateurs abonnés d’Orange une expérience à forte valeur ajoutée autour de nos programmes », a réagi Gilles Pélisson, PDG du groupe TF1, au lendemain de l’échec d'un round de négociations entamées il y a presque deux ans. 

La question du montant 

Au cœur des discussions, le montant demandé par TF1 à Orange au nom de la reprise de ses chaînes, en live et en replay, dans l’offre triple play de l’opérateur. De 2006 à 2016, celle-ci était gratuite, un héritage de la fusion de TPS et Canalsat. Selon Le Monde, l’accord conclu entre TF1 et Altice-SFR au terme de trois mois de bras de fer dépasse les 10 millions d’euros par an. Celui signé le 18 janvier entre Orange et M6 tournerait autour de 20 millions d’euros. « Dans un marché publicitaire morose, les groupes audiovisuels français, encore très dépendants de la publicité, cherchent à diversifier leurs revenus, et notamment à récupérer quelques millions en faisant payer leur signal », estime Gilles Pezet, responsable du pôle Économie des réseaux et des usages numériques au sein du cabinet NPA Conseil.

« Ces accords nous permettent de sécuriser nos chaînes payantes, en particulier Paris Première, et d’augmenter substantiellement nos rémunérations des chaînes gratuites », a assuré mi-janvier Nicolas de Tavernost, patron du groupe M6, dans Les Echos. Quelques semaines plus tôt, le groupe avait annoncé un accord similaire avec Altice puis avec Canal+, et un accord avec Bouygues Telecom est imminent. Pour les chaînes, puisque les opérateurs facturent à leurs abonnés le service de TV, il est normal qu’une partie de cette somme leur soit reversée. À l’inverse, les opérateurs télécoms rappellent que les fréquences sont attribuées gratuitement aux chaînes, contrairement à d’autres pays comme le Royaume-Uni, où les fréquences sont mises aux enchères.

En plus du signal télé, les accords conclus entre TF1 et M6 d’un côté, et les telcos [telecommunication company] de l’autre, prévoient une offre de replay enrichie de services, comme le start-over, qui permet de reprendre du début le programme diffusé, ou la mise à disposition de programmes avant leur diffusion télé. L’accord conclu par TF1 inclut aussi pour les abonnés Bouygues et SFR la diffusion en 4K des matchs de la Coupe du monde de football. « Les opérateurs ont besoin d’apporter de la valeur ajoutée à leurs abonnés, sans quoi les téléspectateurs risquent de partir sur des plateformes plus souples », avance Gilles Pezet. En ligne de mire, les services OTT [over-the-top] comme Molotov ou Netflix qui, selon L’Année TV 2017 publié par Médiamétrie, représentent déjà la moitié de la consommation de programmes TV sur les écrans internet.

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