Dossier Réalité augmentée
Quotidiens régionaux ou magazines branchés, les médias multiplient les expériences de réalité augmentée, avec des résultats encourageants.

Plus de 20 % d’augmentation des ventes le 24 décembre 2017: pour son premier essai en réalité augmentée, L’Indépendant, quotidien de Perpignan appartenant au groupe La Dépêche, a réalisé un coup de maître. «On avait choisi cette édition du dimanche car ce sont nos meilleures ventes, autour de 50 000 exemplaires», explique Pierre Mathis, rédacteur en chef adjoint chargé du numérique. «Ce n’était pas évident, avec un lectorat plutôt âgé», remarque-t-il.

Réalisée avec ICM Soft, une start-up locale, l’application en question permettait par exemple de visionner des vidéos en passant son smartphone sur une photo de petit train touristique ou de découvrir, via Google Earth, le relief d’une balade proposée dans le journal. Plusieurs annonceurs, comme la station balnéaire de Saint-Cyprien, se sont aussi laissés tenter par l'expérience. Au total, l’appli a été téléchargée 2700 fois. Autant d’éléments qui incitent le quotidien à renouveler l’expérience à l'avenir, avec l’espoir de disposer à terme d’un outil en phase avec le rythme quotidien.

Batman augmenté

Jusqu’à présent, les expériences de réalité augmentée relevaient plutôt de l’événementiel. Mais la presse commence à s'y mettre aussi. Le magazine GQ a ainsi conçu en novembre une couverture sur Batman en réalité augmentée, à l'occasion de la sortie du film Justice League. D’autres, comme Neon, misent sur la durée. Le magazine du groupe Prisma Media (35 000 exemplaires) a testé l’outil l’été dernier et n’a plus arrêté depuis, jusqu’à son numéro de décembre-janvier, présenté comme le premier «100% réalité augmentée».

«À l’heure où le téléphone et la technologie ont plutôt tendance à nous prendre des lecteurs, on trouvait intéressant d’en attirer de nouveaux avec, justement, la technologie», souligne Julien Chavanes, rédacteur en chef adjoint. Le dernier Neon a multiplié les entrées augmentées, avec des vidéos à l'occasion d'un reportage dans le Grand Nord ou une immersion dans un train fantôme. Quelques annonceurs ont joué le jeu, comme Havana Club, sans compter Amazon chez qui le lecteur était renvoyé lorsqu'il scannait la page cadeaux.

Là aussi, les résultats sont encourageants, avec plus de 7000 pages scannées à la moitié de l’exploitation du magazine. «Ce n’est pas juste un gadget, relève le journaliste, c’est une manière pertinente de penser le magazine au-delà du magazine, tout en partant du papier.» Le coût de l'opération est minimaliste puisque l’application utilisée, SnapPress, facture 2 euros la page augmentée, quel que soit le tirage, de quoi convaincre, outre Neon, de nombreux autres titres qui, de Science & Vie à Pif Gadget en passant par Courrier Cadres, invitent désormais leurs lecteurs à « snaper » leurs pages. En neuf mois d’existence, SnapPress totalise ainsi 17000 téléchargements.

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