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Un format court, une Une intitulée "SNCF l'intouchable" sur le drame de Millas et les 177 morts provoqués par 665 accidents de passages à niveau entre 2011 et 2016, des sujets sur le loup, une librairie qui roule en Ardèche, la PMA ou les médiums, une bd sur les antioxydants, une interview de Serge Papin après un mode d'emploi pour fabriquer une lampe sur pied... L'hebdomadaire Ebdo est sorti ce vendredi 12 janvier dans les kiosques après avoir surpris et peut-être aussi déçu - avec son côté patchwork et son papier à faible grammage - les nombreux journalistes invités à le découvrir l'avant-veille au siège de la revue XXI et des éditions des Arènes, à Saint-Germain des Près, dans le VIème arrondissement de Paris.

Il est vrai qu'Ebdo n'a pas pour ambition d'épater le lecteur germano-pratin. "On ne cherchera jamais à tout traiter, a expliqué à la presse Patrick de Saint-Exupéry, co-directeur de la rédaction aux côtés de Constance Poniatowski (ex-Version Femina), on prendra de la distance par rapport aux news, on fera des choix qui seront liés à l'actualité. C'est un journal de l'époque et l'époque est drôlement en train de changer. Il n'y aura de pose, pas de posture. Ebdo n'est pas une manière de poser".

Le journal, qui vise les 70 000 abonnés et les 20 000 ventes au numéro à la fin 2019 pour atteindre l'équilibre, cherche d'abord à établir une relation étroite avec son lecteur. La rédaction d'une trentaine de journalistes, est allée à sa rencontre en bus dans 40 villes, en dormant le plus souvent chez l'habitant pré-abonné (8000 au total). Le nom Ebdo a d'ailleurs été trouvé par un futur lecteur de Lille, Dominique Depoortère, après des centaines de suggestions. Un espace sur Internet, "La Source", animé par Anne-Sophie Jacques (ex-Arrêt sur Images), a pour objectif de nourrir une relation permanente avec le lectorat à travers une animation éditoriale. Le journal en lui-même ne dispose pas de version numérique. 

Constance Poniatowski insiste sur la nécessité d'être "accessible, clair dans ses repères" et d'apporter une "éducation populaire dans l'actualité". Selon Laurent Beccaria, l'éditeur des Arènes, cofondateur du journal, l'hebdomadaire s'adresse aux jeunes comme aux seniors, aux classes moyennes comme aux gens qui n'ont pas fait d'études. 

Un journal 100% sans pub

Ebdo, qui compte 100 pages, n'intègre par choix aucune page de publicité. La quatrième de couverture (photo) est d'ailleurs un mini-sommaire du journal. "Ni Patrick ni moi ne sommes anti-pub, a précisé l'éditeur, c'est un pacte scellé entre le lecteur et nous. Il s'agit de retouver le lien. On a vu monter en dix ans toutes les exigences de la publicité. J'ai entendu un confrère dire qu'il voulait un journal qui soit lu dans les salons VIP d'Air France. Ce n'est pas notre cas". Pour lui, la tendance de la presse à faire des journaux "très esthétisants" a eu pour conséquence de détourner des lecteurs qui ne se sont pas reconnus dans les maquettes. L'accessibilité du lectorat a donc été privilégiée par rapport à la séduction formelle. "Avec le lecteur, on est sur le même pied", résume Patrick de Saint-Exupéry.

Ebdo a budgété 13 millions d'euros par an. Une levée de fonds de 2 millions d'euros est annoncée après plus de 400 000 euros réunis en crowdfunding (la plus importante opération après le film Demain). Après Bayard, qui a pris 5% du capital de la société et prévoit de lancer un hebdomadaire à l'automne, d'autres partenaires sont attendus. La société éditrice, Rollin Publications (Ebdo, XXI, 6 Mois) entend néanmoins rester indépendante avec 70% de son capital entre les mains de ses fondateurs.

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