Distribution
Alors que Presstalis est au bord du dépôt de bilan, le secteur de la distribution de la presse cherche à se réformer. Éditeurs, dépositaires et diffuseurs attendent les propositions de Michèle Benbunan, la présidente de Presstalis et de Gérard Rameix, mandaté par le gouvernement.

C’est une semaine cruciale pour l’avenir de la distribution des journaux. Gérard Rameix devrait livrer ces jours-ci au gouvernement son diagnostic sur la filière et ses recommandations à court et moyen termes. Éditeurs, dépositaires et diffuseurs sont à cran devant une situation qui ne cesse d’empirer malgré les multiples mesures de restruturation ou de renflouements de l’État. La partie émergée de l’iceberg, c’est la crise majeure que traverse Presstalis, la société de messagerie qui distribue les trois quarts de la presse vendue au numéro. Elle appartient à 100 % à deux coopératives d’éditeurs (quotidiens nationaux et magazines). 

Premier acte, cet été, la présidente Anne-Marie Couderc et son directeur général Vincent Rey sont remerciés suite à la certification des comptes 2016. Celle-ci révèle « un dérapage significatif vis-à-vis de la trajectoire budgétaire », lit-on dans le projet de loi de finances 2018. Second acte, Michèle Benbunan, ex-directrice de la branche services et opérations d’Hachette Livre, est nommée directrice générale puis présidente. Des pleins pouvoirs pour un état d’urgence. Le 6 décembre, Presstalis annonce aux éditeurs qu’elle opère « une retenue de 25 % des règlements pour décembre et janvier ». Soit un quart de leur chiffre d’affaires net pour combler un pic de besoin de trésorerie de 37 millions d’euros. Une décision prise avec l’administratrice judiciaire Hélène Bourbouloux, nommée dans le cadre d’une procédure de conciliation par le président du tribunal de commerce.

 

 

Diminution des points de vente

 

Enfin, Michèle Benbunan doit dévoiler cette semaine son plan stratégique pour sauver l’entreprise qui affiche des fonds propres négatifs de 306 millions d’euros et un trou de 15 millions d’euros cette année, selon la Correspondance de la presse. L'Elysée, Bercy, Matignon et le ministère de la Culture attendent en parallèle les résultats de la mission confiée à l'ancien président de l’Autorité des marchés financiers, Gérard Rameix.

La filière pâtit d’une baisse structurelle, en recul de 7,3% en volume en 2016. Et d’une organisation pensée en 1947 par la loi Bichet, à des années lumières de la digitalisation des usages et de la profession. «Il n’y a même pas de certification qualité. Le système de répartition des stocks est défaillant», note Pierre Bloch, porte-parole de l’Association pour l’avenir des diffuseurs de presse, qui représente des marchands de journaux confrontés à une logistique obsolète et des salaires horaires dérisoires. Le chiffre des points de vente régresse encore, autour de 23 500 en 2017 alors que Presstalis en annonce 25 000. Ajoutez la bataille entre les petits éditeurs (1017 sur 1070) convaincus de payer trop par rapport aux grands (Le Monde, Le Figaro, L’Équipe…), lesquels bénéficiaient jusqu’en 2016 «de dérogations occultes» sur les tarifs des messageries. Sans parler de la concurrence des Messageries lyonnaises de presse, qui détient 25% du marché. 

«Ce secteur régulé est défaillant», souligne une source proche du dossier, qui prône une assemblée générale avec tous les acteurs, une remise à plat et un assouplissement des contraintes. Avec 1,5 milliard d’euros de chiffre d’affaires et le pluralisme en jeu, cela vaut le coup d’y réfléchir. Le ministère de la Culture s’apprête à nommer Marc Schwartz pour s’y pencher

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