Le 1er décembre, à 14 h, Outrage Coda, un film de Takeshi Kitano, sortira en première exclusivité dans une salle un peu particulière : e-cinema.com. S’affranchissant de la chronologie des médias, la nouvelle plateforme de projection de films sur internet démarrera ce jour-là au prix de 4,99 euros l’unité (3,99 en cas de pré-achat jusqu’à la veille) et 5,99 euros le pass « Liberté » pour un accès illimité pendant un mois. Suivra chaque vendredi un nouveau film : The Bachelors de Kurt Voelker (États-Unis), Paradise de Sina Ataeian Dena (Iran), Killing Ground de Damien Power (Australie)… Derrière cette sélection, Bruno Barde qui écume les rendez-vous du cinéma indépendant dans le monde entier.
Révolution atawad
« On est entêté et audacieux », s’enthousiasme ce directeur artistique qui assure la programmation du Festival du cinéma américain de Deauville. Avec Frédéric Houzelle et Roland Coutas, président et vice-président, il a fondé une start-up qui ambitionne de toucher une part des 11 millions de Français qui vont au cinéma au moins une fois par mois. « Que l’on touche 1 ou 10% de ce public, il faut qu’on s’adresse à toute la cible avec tout type de films », relève Frédéric Houzelle pour qui « il y a une sorte de cloche sur le cinéma français en pleine révolution atawad [any time, anywhere, any device] », référence à une consommation du e-cinema sur tous les écrans et à tout moment.
Alors qu’un film reste en moyenne deux semaines en salle, la plateforme propose douze semaines d’exploitation pour chaque long métrage. « C’est le temps du bouche-à-oreille », poursuit le patron, qui entend ainsi faire découvrir une partie d'un patrimoine cinématographique de 3000 films par an dont seulement 10 % sont diffusés en France. Si le documentaire n’est pas exclu, l’offre ne comportera pas de séries, à la différence de Netflix ou Canal Play. Afin de ne pas être concentrée sur le film étranger, un « studio digital » produira cinq à six films français par an à partir de 2019 avec l’aide du CNC.
Pour l’heure, E-cinema compte démarrer avec 16 à 17 films en catalogue et un magazine de débats hebdomadaire présenté par Audrey Pulvar qui se veut « un grand journal du cinéma ». La plateforme finalise aussi pour début 2018 une première levée de fonds de plusieurs millions d’euros.