Presse
Ce patron de presse a lancé les versions hexagonales de Vanity Fair et GQ. Son nouveau défi ? Adapter ses marques à l’ère du digital.

Sourire XXL, élégance sobre et foulée dynamique: Xavier Romatet ne détonnerait pas dans un cliché de famille des Kennedy. Il a le contact chaleureux et enjoué des privilégiés de la côte Est, ces nantis qui raffolent des publications luxueuses du groupe Condé Nast (Vogue, Glamour, AD). Celui qui en assure la vice-présidence monde et dirige la branche française depuis onze ans a lancé les versions hexagonales de GQ et Vanity Fair. Des Wasps américains, ce quinqua a aussi la matrice, versant catholique: celle des grandes fratries. Quatrième d’une famille de neuf enfants, il grandit rue Gay-Lussac, dans le 5e, fils d’un directeur de Pechiney Ugine Kuhlmann, chargé des restructurations et fermetures d’usines d’aluminium. «Être au milieu d’une fratrie, cela vous donne un rapport à l’autre plus facile et un apprentissage précoce de l’autonomie. Cela crée de l’émulation et nous avons des caractères plutôt forts. Il faut bien se faire une place». À le voir virvolter et échanger joyeusement avec quelques uns des 270 salariés, on se dit que la fratrie s'est sacrément agrandie.

Attaché à la presse 

Plutôt que de s’impatienter à devoir gravir les échelons, ce diplômé de Sciences-Po, MBA de HEC en poche, a créé sa boite de marketing direct. Trois ans après, il crée le syndicat de sa branche. Après presque vingt ans chez DDB communications France, il renoue avec la presse qu’il avait connue à ses débuts en tant qu’éditeur de Stratégies. Aujourd’hui, il s’investit au sein des acteurs de la presse: Presstalis, ACPM ou le syndicat des éditeurs de la presse magazine, ravi d’y croiser ses alter ego, comme Marc Feuillée du Figaro, Francis Morel du groupe Les Échos-Le Parisien ou Louis Dreyfus du Monde. «L’intérêt collectif est autre chose que la somme des intérêts particuliers» lâche-t-il et parle de la «solidarité et la bienveillance malgré la concurrence». Des axiomes mûris depuis l’enfance. Comme ses homologues et son père autrefois, il affronte les restructurations nécessaires de la post-modernité. Ses chantiers ? La migration digitale de Vogue vers le hub international que Condé Nast créera à Londres avec 120 salariés début 2018, un Glamour totalement repensé en termes de formule et de périodicité, sans oublier les réorganisations structurelles qu’impose le digital (22% du chiffre d’affaires). Les Kennedy n’auraient pas boudé son mantra: «Never give up» (n'abandonne jamais). Tant que son autonomie et ses moyens d’actions seront garantis, Xavier Romatet ne lâchera pas. Quitte à couper, planer et scier les arbres des cinq hectares de sa maison de campagne devenue un havre familial. Du bois dont on fait le papier...

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