Patrick Bruel et Sébastien Chabal plus forts que les Bleus? L'ouverture du marché des jeux en ligne, en juin 2010, devait consacrer les paris sportifs. L'élimination prématurée des Français lors de la Coupe du monde de football a refroidi les ardeurs des parieurs. La poule aux œufs d'or n'est pas aux rendez-vous. La faute aussi à une fiscalité importante et une réglementation trop stricte, estiment les opérateurs. «Et avec une lutte contre les sites illégaux plus efficace, tout serait mieux», ajoute Carlo Costanzia, président de B Win France.
Les débuts sont difficiles. Bet Clic-Everest (Stéphane Courbit et la Société des bains de mer) a annoncé un résultat net négatif de 26 millions d'euros pour les six mois d'activité, entre avril et septembre 2010, pour un produit net des jeux de 121 millions. De son coté, et malgré une hausse de son chiffre d'affaires, B Win prévoit une baisse de ses profits en raison des «dépenses nécessaires à l'entrée sur le marché français».
Dans ce contexte, le poker se présente comme un atout majeur pour les opérateurs. Bénéficiant d'une fiscalité plus légère que les paris sportifs, le poker en ligne est plus rentable. Pas étonnant, donc que les sites de poker représentent la moitié des sites agréés par l'Arjel (Autorité de régulation des jeux en ligne).
Associer marque et personnalité
Ils communiquent également beaucoup. Entre janvier et novembre 2010, les sites de poker en ligne ont investi, en brut, près de 29 millions d'euros en publicité TV, selon Yacast. Un peu moins que les paris sportifs et hippiques en ligne, qui totalisent 32,5 millions. Winamax rivalise même avec le PMU, avec 11,7 millions d'euros investis, contre 12,5 millions pour le géant des paris hippiques, présent désormais sur les paris sportifs. Juste derrière, Poker Stars, l'autre spécialiste, est quasiment aussi visible que la Française des jeux: 5,9 millions d'euros, contre 6,9 millions.
«Nous sommes toujours dans une démarche de recrutement, explique Canel Frichet, directrice générale de Winamax. Le premier objectif est la notoriété.» La course au «top of mind» (présence à l'esprit) est facilitée par l'association de la marque à une personnalité. Winamax n'a pas eu à la chercher bien loin : Patrick Bruel, qui apparaît dans les spots conçus par DDB Paris, est actionnaire du site. L'acteur et chanteur est aussi le visage du poker en France depuis quelques années.
En face, Poker Stars, le leader mondial, appuie sa communication, signée H, sur Sébastien Chabal, rugbyman, et Gaël Monfils, tennisman. «Le poker est un sport et choisir des sportifs était cohérent pour notre image, affirme Alexis Laipsker, directeur de la communication de Poker Stars. Tous deux connaissent bien le jeu. Cette stratégie montre aussi que chacun peut se mettre au poker.»
Si cette phase de recrutement est déterminante, c'est que chaque joueur ne s'inscrira que sur un ou deux sites. Mais, déjà, le poker en ligne passe à l'étape suivante. «En 2011, nous allons maintenant faire connaître nos produits, c'est à dire, nos tournois», révèle Alexis Laipsker. Dans les publicités, les vedettes laisseront la place à des spots plus agressifs, «cartes sur table» en quelque sorte.